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DE LA CHIRURGIE AVEC LA MÉDECINE. 171 dans les luxations les plus difficiles, le symptôme essen- tiel, l'élément capital du diagnostic différentiel, le type de l'espèce ou du genre de la lésion, saisir ainsi les véri- tables indications et établir les bases du traitement ration- nel. Ici c'est le chirurgien consommé qui apprécie de haut les méthodes et les procédés opératoires, et qui, détruisant d'une main ferme sur sa route tout ce que la routine et le charlatanisme ont semé de faux enseigne- ments, reconstitue la saine observation, manie avec un égal succès la polémique et la pratique de l'art, propose de nouveaux appareils et des opérations nouvelles, etc.; partout enfin c'est l'observateur judicieux et sagace qui sait, avec un art infini, distinguer les faits particuliers et les faits généraux, en déduire les corollaires, formu- ler les principes en dehors des hypothèses et des systèmes spéculatifs, et établir en un mot la science en combinant une expérience éclairée et un sage emploi du raisonne- ment (8). « I! n'aura pas sans doute échappé au lecteur, re- marque M. Littré en parlant d'Hippocrate, IV-654, com- (8) « En délivrant la médecine des faux systèmes,.... en montrant que les spéculations subtiles des physiciens de son temps n'avaient aucune uti- lité réelle dans la pratique, il créa pour l'art de guérir une méthode sûre, la seule qui lui soit appropriée.» (Jourdan, Biog. mèd.)— « La révolution qu'il opéra dans la médecine.... fut d'autant plus avantageuse, que la marche adoptée avant l u i — n'était nullement propre à conduire la science vers sa perfection ; il apprit aux médecins que leur premier devoir est d'ob- server la marche de la nature. Il démontra l'inutilité des théories, et prouva que l'observation est la seule base de la médecine. L'art de guérir devenu ainsi une science d'expérience et de faits, aurait dû faire d'immenses pro- grès, si on eût continué de suivre la route qu'Hippocrate avait tracée et suivie avec tant de succès.» (Sprcngel, Hist. méd. 1-330.)