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458                     DU VITALISME.

 bore sans doute par le même mécanisme aujourd'hui qu'hier;
 par conséquent, elle se ressemble encore a elle-même, et
 m'atteste ma continuité personnelle. Mais cette continuité
 n'est pas absolue, puisque le sentiment de mon unité m'é-
 chappe par moments et s'interrompt dans certaines conditions,
 dans le sommeil, par exemple. En même temps, je sens bien
 qu'il s'est fait des changements dans tout mon être ; que, sous
 bien des rapports, je suis dissemblable à moi-même, car mes
 sentiments, mes passions, mes idées, ne se sont pas moins
 modifiés que mes qualités physiques.
    Voilà par quelle filiation de jugements j'arrive a sentir et
 à comprendre que je suis un et divers au même titre, c'est-
 à-dire dans une certaine mesure et non d'une manière absolue.
Mon unité n'est que la continuité de mon être soumis à une
évolution incessante dans le temps, de même que par le
consensus de mes organes, et à un instant donné, j'ai l'idée
de mon unité dans l'espace. Par conséquent, il n'y a rien
d'absolu dans ma personnalité, ni dans les changements que
j'ai subis. La première n'est pas restée identique, et les
seconds n'ont pas été assez radicaux, assez complets pour la
détruire. -
    Est-il plus vrai, est-il démontré que la pensée ne puisse
appartenir qu'à un être simple, c'est-à-dire indivisible et
indécomposable? La question vaut la peine d'être examinée
de près. Le premier fait à prendre pour point de départ,
c'est que l'homme pense; il n'y a la rien à contester. Mais,
dans l'homme , qu'est-ce qui pense? à coup sûr, ce n'est
pas une partie quelconque de lui-même, cen'estni sa main,
ni son pied, ni son œil, ni sa langue, ni son cœur , ni son
estomac; mais c'est peut-être bien son encéphale.
    L'hypothèse matérialiste qui n'admet rien en dehors de
l'organisme corporel, accepte sans hésiter cette conjecture,
et l'appuie sur tout ce que l'observation nous apprend de