Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
414                    NICOLAS BERGASSE.

guliers? Ne vous semb!e-î-i! pas que cette voix ne parle pas
trop mal pour une voix d'ancien régime et quand la Bas-
tille était encore debout ?
               On ne sut pas longtemps à Rome
               Cette éloquence entretenir.

    Datée du 11 août 1788, cette violente requête ne pré-
céda que de peu de jours la chute du ministère de Brienne
et Lamoignon, qui fut annoncée le 24. L'immense popularité
de Bergasse ne pouvait qu'être accrue par ce rapprochement
de dates, peut-être fortuit. Lui-même avoue que son mémoire
fut tiré une première fois à dix mille exemplaires, et l'on sut
que le roi, loin de s'offenser de son courage, avait loué de
tels accents portés au pied du trône.
    Cependant la cause plaidée comme politique devait arriver
à une conclusion judiciaire. Il était difficile de se dissimuler
en effet que ni le retour de Necker, ni la convocation des
Etats généraux ne préjugeaient rien sur les loris de Mme Korn-
mann, sur les prétentions de son époux, ou sur les plaintes
réciproques de leurs défenseurs. A la fin de mars 1789 , le
parlement entendit enfin appeler cette affaire à sa barre ;
huit audiences lui furent consacrées. Bergasse y parut avec
l'éloquence emportée et populaire de ses mémoires ; mais son
client perdit au débat l'auréole de victime dont il l'avait
paré. On ne peut nier sans doute les légèretés de Mme Korn-
mann, mais on articula contre son mari le reproche, mor-
tel à sa cause comme à son honneur, de complaisance.
« Vous êtes ou le plus vil des époux ou le plus atroce des
calomniateurs 1 » lui disait l'avocat de Daudet après avoir
donné lecture à la cour de certaines lettres de Kornmann à
sou client. Bergasse lui-même ne fut pas épargné dans ces
plaidoiries, qui ne furent qu'une longue diffamation. « Il
faut donc que je me défende , s'écria-l-il dans une fière