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196 LES CHEVALIERS TIREURS
langue. Il cite un fait qui prouve que nous n'avons pas tout
inventé, quand il prétend, dans une phrase assez mal cons-
truite, que l'almanach des arquebuses l'emportera en curio-
sité sur une multitude prodigieuse d'autres almanachs, dont
alors on était inondé. On voit donc que les innombrables
publications de ce genre ne sont pas particulières à noire
époque ; en outre, je ne peux m'empêcher de relever le lilre
de vertueux que l'auteur donne au souverain qui régnait sur
la France, à Louis XV, qui se fit une île de Caprée dans son
parc aux cerfs. La flatterie basse et plate, si exagérée qu'elle
semble une moquerie, a avili de tout temps les peuples et les
rois, et elle ne renonce pas à son empire. Le XVIIIe siècle
cumula l'irréligion , l'immoralité et l'abaissement, et quand
vinrent les embarras financiers, la France étonnée fit ban-
queroute au pied de l'échafaud de 93.
Un mois après la réception de la circulaire de l'éditeur de
Provins, le 28 janvier 1765, la compagnie de Villefranche
répondit en envoyant ses modestes annales, contenues dans
un mémoire dont je vais faire une analyse succincte.
Ce fut le 17 janvier 1659 que des nobles, des gens d'église,
des magistrats et des citoyens notables de Villefranche, se
réunirent et formèrent le projet d'établir un jeu d'arquebuse.
L'exécution suivit la délibération. On choisit, pour le lieu
d'assemblée et d'exercice, un local situé près de la porte des
Fayetles (1), le long des murailles orientales de la ville, et
l'on fil construire un bâtiment, aux frais duquel chacun des
citoyens-chevaliers contribua.
Peu d'années après, en 1662, les chevaliers de l'arquebuse
de Lyon invitèrent ceux de Villefranche à assister à un prix
qui était représenté en ladite ville. Outre la compagnie de
(1) On remarquera que, dans une pièce précédente, cette porte est
appelée de Fayette,