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404                     M. CHENAVAR».
l'ensemble. Il ne néglige pas non plus les effets décoratifs
qu'il emploie fort habilement. C'est ainsi qu'il rehausse l'en-
trée de sa chapelle d'une théorie de pleureuses d'un très-
beau style étrusque et qui accentue davantage, quoique
très-simplement la destination de l'édifice.
    Le plan n° IV nous donne le plafond de la salle du Conseil
général du département du Rhône. C'est un ensemble d'al-
légories ingénieusement distribuées et dessinées avec un
sentiment très-fin et une science véritable des formes hu-
maines. Cette composition ferait honneur à un peintre. Chez
M. Chenavard le talent du dessinateur est uni à celui de
l'architecte, et il manie le crayon avec autant de supériorité
que l'équerre et le compas. Ce double mérite, très-fréquent
autrefois, est bien rare aujourd'hui, et cependant toutes les
expressions de la pensée se tiennent, dans le domaine de
l'art, parce qu'elles doivent contribuer a l'unité de l'œuvre.
En se réduisant au simple rôle de constructeur, l'architecte
 a certainement perdu de sa puissance , parce qu'il est rare
 que le décorateur qu'il emploie ne modifie ou n'altère, plus
 ou moins, la conception qu'il est chargé de compléter. Les
 grands peintres d'Italie étaient en même temps des archi-
 tectes de premier ordre, Vasari n'oublie pas de leur donner
 ce titre entête de leurs biographies. Leurs tableaux surtout
 nous montrent a quel degré ils s'étaient approprié ce grand
 art de l'édifice, et ils y ont déployé des richesses d'invention
 que le pinceau seul pouvait réaliser. L'École d'Athènes ,
 l'Héliodore, les Noces de Cana, de Paul Véronèse, le saint
 Jérôme du Dominiquin et tant d'autres, — car il faudrait
 les citer presque tous, — ont pour cadre et pour horizons
 des architectures splendides. Chez nous le Poussin, Claude
 Lorrain, Le Sueur, pour ne citer que les plus illustres, ont
 marché sur leurs traces. Mais les architectes proprement
 dits ont rarement suivi cet exemple. Trop souvent aujour-