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422                    NICOLAS BERGASSË.

chartes et nos révolutions successives. Il voulait les deux
chambres, l'organisation élective des municipalités et des
provinces, l'indépendance absolue des députés vis-à-vis du
gouvernement dont ils doivent contrôler les actes, et leur
dépendance effective vis-a-vis du corps électoral dont ils
tiennent leur mandat. Le pouvoir au prince, conclut l'écrivain
de 89 dans une formule qui n'a pas vieilli, et l'opinion, frein
du pouvoir, au pays; c'est-à-dire au prince toute la part de
souveraineté nécessaire à l'action des lois et nettement limitée
par la constitution; au pays l'entière souveraineté de l'opi-
nion, ou en d'autres termes la liberté de la presse et la liberté
des élections.
   L'émotion patriotique occasionnée par ces grands et
nouveaux débats n'étaient pas moindre à Lyon, vous le sentez,
Messieurs, qu'à Paris ou à Sainl-Germain-Laval. Le 14
mars de cette fatidique année 1789, les trois ordres de votre
sénéchaussée étaient convoqués pour élire leurs députés et
rédiger leurs cahiers. La première assemblée générale se tint
dans l'église des Cordeliers, et fut présidée, en l'absence du
gouverneur de la province, par M. Laurent Basset, lieutenant
général de la sénéchaussée et siège présidial de Lyon. Près de
deux siècles et trois longs règnes absolus s'étaient écoulés
depuis la dernière tenue des Etats généraux. Les habitudes
d'arbitraire et de subordination étaient devenus comme natu-
relles au pouvoir et au pays, et voici cependant comme on
parlait è vos pères au nom du petit-fils de Louis XIV :
« Nommez librement les hommes que vous croirez les plus
sages, disait le représentant du roi; ce ne sont ni leurs noms,
ni leurs dignités, ni la faveur du pouvoir, ce sont leurs seules
vertus qui doivent déterminer votre choix,.. Ce ne sont point
des courtisans que le roi veut entendre ; ce sont des hommes
généreux. » Paroles dignes en effet d'inaugurer une ère de
liberté, et qui auraient dû protéger quatre ans plus lard le