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NICOLAS BERGASSE. 423 noble magistral qui les lirait de son cœur contre les bourreaux de la cité lyonnaise (1). Les électeurs réunis des trois ordres se montrèrent à la hauteur de celte libérale inspiration. La noblesse de Lyon, si heureusement rapprochée de la bourgeoisie par l'échevinat d'où elle sortait d'année en année, eut l'honneur d'avoir la première sa nuit du 4 aoûl. Par une déclaration lue à l'ouver- ture de la séance et couverte de longs applaudissements, son doyen vint renoncer expressément à toute exception et à tous privilèges relatifs à l'impôt, et s'engager à stipuler cette renonciation dans les cahiers de l'ordre (2). Le clergé imita ce bon exemple, et la bourgoisie , ne voulant pas être en reste avec les deux premiers ordres, annonça par l'organe de M. Rey, lieutenant de police, qu'elle faisait en faveur des habitants extra muros le sacrifice de l'exemption de la corvée et du logement des gens de guerre qui n'avaient pesé jusque là que sur les campagnes. Une si heureuse rivalité de généreux sentiments prouvait à elle seule le bien qui devait résulter de la réunion des ordres. Il fallut cependant les séparer, comme l'avait décidé l'ordon- nance du conseil. Le clergé se retira dans la chapelle de Notre-Dame du Gonfalon, la noblesse dans l'ancienne salle du Concert, et le tiers resta sous la vaste nef de Sainl-Boua- venture. Quoique divisés , les trois ordres lyonnais n'en demeurèrent pas moins unis dans leurs principaux vœux , comme va le prouver un rapide coup d'ceil jeté sur leurs cahiers respectifs. Léopold de GAILLARD. (La suite au prochain n"). (1) M. Laurent Basset de la Pape fut au nombre des Lyonnais mitraillés après ie siège dans la plaine des BroUeaux. (2) La noblesse de Bresse , réunie à Bourg le 23 mars suivant, répéta pour son compte les déclarations de la noblesse de Lyon.