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M. CHENAVARD. 405 d'hui leur inexpérience dans l'art du dessin, où ils se con- tentent de connaissances superficielles, les réduit a indiquer à peine le choix des ornements dont ils sont obligés de con- fier l'exécution a une pensée étrangère. M. Chenavard n'a pas besoin d'un pareil secours , et dans tous les détails de son œuvre il se suffit a lui-même. Le Grand-Théâtre de Lyon est le monument le plus im- portant auquel M. Chenavard ait attaché son nom. Ce vaste édifice, digne de la munificence de la seconde ville de l'em- pire, a été érigé en 1828. Il a coûté deux millions cent trente mille francs. — Il forme un parallélogramme de qua- rante mètres de largeur sur soixante de développement. La conception architecturale est d'une large simplicité. Un rez- de chaussée dorique, a pieds droits, un étage corinthien a colonnes engagées, telle est la loi sévère de cette composi- tion. Un couronnement de statues portées sur des socles que relient entre eux des panneaux sculptés d'un grand style, terminent cette ordonnance a la fois classique et magistrale. Les entablements, les frises présentent de puissantes lignes que n'interrompent aucune saillie, aucune surcharge décora- tive. Une grande unité , la noblesse et l'harmonie des pro- portions, tels sont les caractères de la façade du Grand- Théâtre. On dirait un édifice romain du temps d'Auguste.— Il a un défaut pourtant, mais qu'on ne saurait reprocher à son architecte, c'est d'être trop rapproché de l'Hôtel-de- Ville, dont le brillant et somptueux voisinage lui donne une apparence austère. M. Chenavard aurait pu faire des conces- sions à celte dangereuse proximité. Il ne l'a pas voulu ; il a préféré, de parti pris, rester dans son principe. C'est ce qu'il y avait de plus sage. Au lieu de lutter de fantaisie et d'imagination avec le palais municipal, M. Chenavard a opposé a la coquetterie de la Renaissance la fierté romaine ; — ne fût-ce que pour rappeler à la cité lyonnaise qu'avant d'être