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                       M. CHENAVARD.                      401

mais, tout Raphaël qu'il est, cette entreprise lui paraît en-
core présomptueuse ; il craint qu'elle ne soit au-dessus de
ses forces ; il la compare au vol d'Icare, et l'approbation
des premiers artistes de l'Italie le rassure à peine contre sa
propre témérité, tant il est vrai que le génie peut seul me-
surer la grandeur et la perfection de ses propres œuvres. Si
l'on peut admettre, en thèse, que les combinaisons de
formes ou d'idées dans lesquelles le beau peut se manifester
sont infinies, il faut reconnaître que la pensée humaine n'a
pas réalisé, jusqu'à présent, du moins, de types plus ache-
vés. C'était la doctrine de Raphaël et de toute la Renais-
sance. C'est encore celle de M. Chenavard. Sa lettre a M. le
comte de Ruolz nous initie a ces entretiens de deux nobles
 esprits, de deux sages de l'école de Platon agitant sous les
portiques la définition du maître : le beau est la splendeur du
 vrai. On aime à les suivre dans cette région sereine, s'exci-
 tant a l'admiration des anciens. — Aujourd'hui sans doute
 d'autres pensées dominent; quel est l'artiste qui se résigne-
 rait a n'être qu'imitateur et qui ne croirait déroger en se
 proclamant le disciple, même de Raphaël, en se mettant a
 une école, fût-ce de Phidias? Il est honorable cependant de
 porter de pareils jougs , dût-on, à défaut de l'inimitable
 talent de ces maîtres, n'imiter que leur modestie.
    Je voudrais, Messieurs, examiner avec vous les princi-
 pales œuvres de M. Chenavard et juger avec un peu de ré-
 flexion le travail de la réflexion. Entre les œuvres ainsi
 méditées et celles qui sont nées du hasard de l'improvi-
 sation ou de la fougue d'un premier jet, il y a ordinaire-
 ment cette différence que les premières ouvrent a la pensée
 un horizon plus vaste, tandis que les autres présentent
 l'inconvénient des choses hâtives, celui d'être insuffisantes
  ou vides.
     Le volume qui contient l'œuvre proprement dite de
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