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NICOLAS BKRGASSE. 371 parti pour celui de Paris, et le pays entendit proclamer par la bouche de ses magistrats toutes les maximes de séparation des pouvoirs et de résistance à l'arbitraire qui allaient faire le succès de la Révolution. Le ministère de Brienne céda bientôt à la tentation d'imiter M. de Maupeou et de se délivrer de l'opposition des parle- ments par un coup d'Etat. Un édit du 8 mai 1788 suppri- mait les treizes cours souveraines du royaume, déférait leurs pouvoirs judiciaires à quarante-sept tribunaux de grands bailliages, et partageait leur pouvoir politique entre les Etats généraux, promis cette fois pour l'année suivante, et une haute cour appelée, par un souvenir des premières races, cour plénière. Celle cour, qui était la clef de voûte du nou- veau système, se composait de la grand'chambre du parle- ment dissous, d'un délégué de chaque parlement de province, des princes du sang, des pairs du royaume, des grands offi- ciers de la couronne, de deux maréchaux, d'autant de prélats et de gouverneurs de province, de dix conseillers d'Etat ou maîtres des requêtes et de quatre membres au choix du roi. On avait jugé, on le voit, que ce n'était, pjis trop du presiige réuni des plus hautes situations du royaume pour lutter contre l'antique presiige du parlement de Paris. La couronne s'était en même temps assuré les plus belles chances pour n'avoir plus à recourir désormais à la brutale formalité des enregis- trements par ordre. L'opinion, il faut le dire, se partagea sur ce coup d'au- dace de la royauté. Si l'arbitraire ministériel inspirait une jusle horreur, le parlement n'avait pas que des partisans. Déjà en 1774, lorsque M. de Maurepas avait rappelé les an- ciens conseillers renvoyés Irois ans avant par M. de Maupeou. quelques graves esprits n'avaient pas approuvé celle politique étourdimcnt réactionnaire. On prétendait, non sans raison, que le résultai le plus clair de cetle rétractation serait d'hu-