Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
 370                    NICOLAS BERGASSE.

  misérablement, finit par soulever contre lui un tel orage,
  qu'il fut obligé de s'enfuir plutôt que de se retirer.
     Chacun s'attendait à voir reparaître M. Necker, qui, dans
  une défense digne et sensée, venait de relever les inexacti-
  tudes du ministre mis en déroute. Mais, au lieu du populaire
  Genevois qui reçut l'ordie de s'éloigner de Paris, ce fut
 l'archevêque de Toulouse, M. Loménie de Brienne, un des
  membres importants de l'Assemblée des notables, qui prit la
 place du léger et présomptueux Galonné. Les mêmes scènes
 qui venaient de se passer devant les notables se répétèrent
 devant le parlement de Paris, auquel il fallut demander l'en-
 registrement des édits obtenus par le ministre déchu. Tout
 fut accorté' sans peine jusqu'au moment ou reparut celte
 malheureuse question de l'impôt foncier et d'une certaine
 extension des droits de timbre. Les conseillers ayant réclamé
à leur tour la justification par faits et articles de la situation
financière, et n'ayant pas eu plus de succès que les notables,
se déclarèrent incompétents pour établir de nouveaux impôts
sans le consentement de la nation, et remirent la question aux
Etats généraux. Un lit de justice tenu à Versailles vint à bout
pour un jour de celle résistance prévue, mais le grand mot
de solution était prononcé. Il est remarquable que ce soit par
des magistrats cherchant à défendre d'antiques privilèges
que les droits dé la nation aient été retrouvés : tant il est vrai
qu'il y a dans la stricte observance des formes légales un de-
voir salutaire et une vertu propice à la liberté! Le parle-
ment, exilé à Troyes d'août à novembre 1787, reçut, à la
reprise de ses séances, la promesse du gouvernement que
les Etals généraux seraient convoqués dans un délai de cinq
années. C'était trop demander à l'impatience française. Tout
cet hiver de 1787 à 1788 se passa, comme l'été précédent,
dans une lutte du plus dangereux exemple entre la couronne
et le pouvoir judiciaire. Les parlements de province prirent