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                      NICOLAS BERGASSE.                     347

y avait autour de cette figure encore assez de rayons pour
qu'on ne pût m'aceuser de travestir en héros un inconnu,
et déjà assez d'ombres pour qu'il ne fût pas inutile d'en
faire ressortir les traits principaux. Puis, comment le cache-
rais-je ? cet éloquent publiciste de la tradition et de la li-
berté, cet intraitable ennemi des abus monarchiques et de la
licence républicaine, cet athlète obstiné et généreux des
droits vaincus, avait tout ce qu'il faut pour parler au cœur
d'un journaliste indépendant de notre temps ; son rôle m'a
séduit bien plus que ses talents, et j'admire son caractère bien
autrement que son éloquence. Si nous avions, Messieurs, à
nous choisir des ancêtres parmi ceux qui ont occupé ces fau-
teuils avant nous, je le dis sans détour, c'est vers Bergasse
que j'irais, comme le disciple va vers le maître.

                              II

   Dans votre vieux Lyon dont il faut se hâter de parler, car
bientôt les pierres elles-mêmes n'en parleront plus, il y avait
un jour de fête à la fois officielle et populaire dont aucune
réjouissance publique de notre époque ne saurait réveiller le
souvenir; elle s'intitulait naïvement fête de l'Eloquence, et
ce nom, cher à vos aïeux, leur rappelait sans doute le temps
où les orateurs des trente nations des Gaules venaient dis-
puter autour de l'autel d'Auguste les palmes promises au beau
langage.
   Celait le 21 décembre que se célébrait celte solennité
toute lyonnaise. Ce jour, consacré par l'Eglise à l'apôtre
sainl Thomas, était en môme temps la fêle patronale de l'é-
chevinat. Le dimanche précédent, les maîtres et délégués
des soixanle-deux corporations d'arts et métiers qui embras-
saient toute l'industrie locale, avaient élu à l'Hôtel-de-Ville
les magistrats chargés de gouverner la commune, ou, pour