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346                   NICOLAS BERGASSE.

 aurait mérité de trouver dans vos rangs un biographe a
 la fois ami de sa personne et juge compétent de ses écrits.
    En attendant, Messieurs, vous trouverez naturel que ma
 reconnaissance s'exprime immédiatement après mes regrets.
Pour quelques écrits que le vent de chaque jour soulève et
disperse sous les pas de la foule, vous m'avez conféré la ré-
compense due à la science sérieuse et aux lettres élevées.
Vous m'avez accueilli, moi étranger à votre ville, étranger
môme, je dois l'ayouer, à tant de curieuses controverses qui
animent vos séances hebdomadaires, et, par une faveur si peu
justifiée, vous m'avez imposé l'obligation loujours difficile de
faire mes preuves après coup. Ce n'est point, veuillez le
croire, par de stériles compliments que je compte payer une
telle dette. Mais en voyant quel patron illustre, quels amis
d'élite ma candidature a trouvés parmi vous, il ne me sera
pas défendu de dire que je m'étonne moins de son succès, si
je m'en honore davantage.
   Le nom de Nicolas Bergasse, que j'ai inscrit en tête de
cette étude de biographie morale et politique, n'est sans doute
absolument nouveau pour aucun d'entre vous. Et cependant
qui pourrait dire, à première vue, pourquoi il est resté dans la
mémoire des hommes? Qui saurait rappeler comment il avait
acquis, à la fin du dernier siècle, une célébrité dont reten-
tissent tous les récits contemporains? Avocat au parlement
de Paris dans ces années de crise sociale où les grandes
causes criminelles devenaient bon gré mal gré des causes
politiques, comme s'il n'y avait eu pour l'opinion qu'un seul
tribunal, l'opinion elle-même, et qu'un seul accusé, l'ancien
régime; député du tiers-état de Lyon à la Constituante,
membre remarqué de l'assemblée qui inaugura la Révolu-
tion, Bergasse, arrivé jeune à la plus bruyante renommée, a
passé dans une quasi-obscurité volontaire la seconde et la
plus longue partie de son existence. Il m'a donc semblé qu'il