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	194                LES CHEVALIERS TIREURS
province avait ses mesures particulières, on a eu soin de
tracer sur la feuilie en question la longueur dudit pied, afin
que chacun pût se rendre compte de la portée du tir.
    L'autre invitation, du 28 juin 1725, est semblable à la
première ; mais on lit de plus dans la circulaire : « Permetlez-
« nous de vous rappeler que le pris ne se disputera pas avec
« ces armes nouvelles dont le bruit effraye : ce sont des arcs
« et des traits, aussi propres à assembler les amis qu'ils l'ont
« été autrefois à dissiper les ennemis. L'amour s'en sert pour
« gagner les cœurs et pour les unir, et nous vous les propo-
« sons, Messieurs, comme des arcs qui assurent votre
« triomphe, et dont le trait doit porter une récompense
« d'honneur à votre adresse. » Il y a dans ces paroles une
certaine couleur, en harmonie avec le siècle qui a produit les
Amours de Boucher et les pastorales de Vateau; mais elles
respirent en môme temps un parfum de bienveillance. Nos
habitudes contemporaines, si rapprochées du sans-gêne
égoïste, trouveront sans doute celte naïveté prétentieuse, bien
ridicule, et ne nous permettront plus de comprendre la poli-
 tesse, peut-être un peu affectée, dont la disparition complète
est un fait des plus regrettables. Aujourd'hui, tout devient
sec et raide, comme la ligne droite dont nous avons fait
notre idéal.
                              II.
   On a vu que lorsque les chevaliers de l'arc firent enregis-
trer, en 1582, les lettres patentes qui consacraient l'existence
de leur compagnie, le procureur général à la cour des aides
demanda que l'arquebuse fût substituée à l'arc. Ce change-
ment n'eut pas lieu ; mais une société de tireurs d'arquebuse
se forma, et marcha parallèlement à celle des tireurs d'arc et
d'arbalète.
					
		