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134 HISTOIRE
causèrent des pertes très-importantes aux habitants (1).
Dans le cours de cette même année , arriva sur ce
pont une catastrophe épouvantable et qui valut aux
pauvres de l'Hôtel-Dieu, la baronuie de la Part-Dieu
que les hospices possèdent encore.
Le village de Saint-Denis de Bron était en fête, c'é-
tait le 11 octobre. Plus de quarante mille personnes
avaient envahi les plaines de laGuillotière.
A la tombée de la nuit, cette foule revenant à Lyon,
se trouva réunie en masse compacte aux abords du pont,
seul passage existant alors pour rentrer dans la ville de
ce côté-là . Silencieux et serré, le peuple s'avançait len-
tement, lorsque le carrosse de Mme Servient de la Part-
Dieu, engagé dans le même passage, vint encombper la
circulation, arrêtée déjà par d'autres voitures. Un ser-
gent de garde, à la tête du pont, voulant, ainsi que les
soldats du poste, mettre à profit cet immense désordre,
ferma les portes de la ville (2) et les ouvrait seulement
à ceux qui donnaient de l'argent pour qu'on les laissât
passer. La foule serrée se renversa ; plusieurs personnes
furent étouffées, écrasées ou précipitées dans le Rhône ;
le nombre des victimes trouvées mortes sur ce pont
s'éleva à deux cents.
Le sergent commandant ce poste , il se nommait
Thomas Michel, dit Belair, paya de sa vie cet affreux
malheur; il fut condamné à mort et exécuté après avoir
subi le supplice de la roue sur la place des Terreaux.
Après ce désastre, Mme Catherine de Mazenod, dame
(1) Tableau do Lyon, par Pcrnetti.
(2) Aimé Guillon. Lyon tel qu'il est et tel qu'il était. 180T.