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HO LES VILLEROY. de son mariage avec Mademoiselle d'Aumont, pouvait déjà prévoir l'extinction de sa race. Cette dame, dont le nom se rencontre ici sous ma plume, est connue par ses tendances littéraires, son goût pour le théâtre, et par ce timide essai de composition dramatique (1) qui a fourni à Grimm le sujet d'une de ses lettres les plus piquantes, à Sophie Arnould l'occasion de décocher un de ses traits moqueurs. C'est a Madame la duchesse de Villeroy que le peintre Boucher a dédié quelques-unes de ces charmantes bergeries où une nature de convention sert de cadre aux jeux d'une languis- sante pastorale. Cependant la tourmente révolutionnaire approchait. Le jour où elle éclata, duchés-pairies, gouvernements, privilè- ges, tout fut emporté dans un instant. Le duc de Villeroy, ci-devant capitaine des gardes du corps, comprit-il que son devoir était de défendre jusqu'à la dernière heure l'auguste dynastie qui avait comblé ses pères de ses bienfaits * On? prétend (2) qu'il fut plus jaloux de conjurer par des sacri- fices pécuniaires, par une attitude soumise et circonspecte, l'orage qui grondait sur sa propre tête. Vains efforts! Jeté dans les prisons de la Terreur , il eut pour escorte ses ser- viteurs éplorés qui ne l'abandonnèrent que sur le seuil de la geôle. C'était un homme bon et généreux, mais faible et au-dessous des circonstances affreuses qui accablèrent sa vieillesse. On le vit s'agenouiller devant un bonnet rouge , et refuser des cartes qui n'étaient pas républicaines. Cepen- dant il reçut la mort, le 28 avril 1794, avec une tranquillité (1) Il est juste de dire que la duchesse de Villeroy a des titres litté- raires plus sérieux. Voyez la Biographie universelle, t. 49. Sur les rela- tions de cette dame avec Mademoiselle Clairon, voyez les mémoires de Marmontel. (2) Collection de mémoires relatifs à la Révolution française. Mémoires tur les prison», t. I, p . 85, t. II, p . 288.