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LES VILLEROY, 141 qui fut remarquée. Journée sanglante entre toutes! Écoutons le témoignage d'un 'de ses contemporains (1) : « 9 floréal, affaire des comtes d'Estaing, de La Tour du Pin et de leurs complices, le duc de Villeroy , un conseiller d'état, trois avocats, un chirurgien, un marchand de tabac, une reli- gieuse, etc. Total trente-trois, dont sept femmes, tous exé- cutés le même jour ! » Moins de soixante-huit ans se sont écoulés depuis ce tragique dénoûment, et quarante-cinq seulement depuis que la veuve du dernier duc est descendue dans la tombe. Que reste-t-il de cette longue suite de grands seigneurs, d'hommes de guerre et de prélats ? Un nom peu sympa- thique. Certes , nous mettrons hors de cause ce dernier des Villeroy, pâle figure , mais innocente victime de nos discordes. Qu'y a-t-il autour de lui? Le second maréchal de Villeroy , celui de tous les siens que le sort a mis le plus en évidence , nous montre les abus du favoritisme. Avec plus de mérite , son père était au fond de la même école, celle de l'adulation. L'archevêque Camille a laissé de bien meilleurs souvenirs, mais sa renommée ne dépasse pas les limites de notre histoire locale. Seul, le vieux secrétaire d'État, le serviteur de quatre rois de France, le ministre dévoué de Henri IV, a quelques titres a la re- connaissance de la postérité, quoique l'hommage dont sa mémoire doit être entourée, soit loin d'être a l'abri de toute contestation. Voila, Messieurs, un jugement sévère peut- être, mais n'avons-nous pas le droit de redemander beaucoup a une famille envers qui la fortune s'était montrée si pro- digue ? Ainsi se trouve confirmée celte maxime d'un penseur moderne, qu'au bout de cent ans il n'y a de réelle aristocra- tie que pour ceux qui ont fait quelque chose de beau ou de grand. (lj Mémoires du comte de Vaublanc,p. 238.