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LES VILLEROY. 89 cience honnête, et nous aimons a penser que les entraîne- ments de sa foi, joints a la funeste initiative de son fils et aux mauvais traitements de Henri III, ont été les véritables causes de sa défection. (1) D'ailleurs on sait qu'après l'as- sassinat de Henri III, (1 août 1589), Villeroy, pressentant la conversion du roi de Navarre, fit tous ses efforts pour opérer une réconciliation entre les partis qui déchiraient la France ; il y travailla pendant cinq ans, avec une patience, une habileté qui lui valurent le pardon et l'estime du Béar- nais. Ces cinq années remplissent la seconde partie de ses Mémoires, bien plus intéressante que la première. Henri IV, devenu réellement roi de France, s'empressa de réintégrer Villeroy dans la charge de secrétaire et ministre d'Etat. Un mot suffit pour marquer tout le prix que le monarque atta- chait à ses services : « Je ne scay, (2) disait-il, quelle des deux vies est plus nécessaire au bien de mon Estât, la mienne ou celle de M. de Villeroy. » Aux insinuations malveillantes de ses ennemis, ce dernier répondait qne la calomnie est un démon qu'il faut dompter par le mépris. Ne trouvez-vous pas, Messieurs, un écho de ces belles paroles dans l'apostrophe foudroyante qu'un de nos plus illustres contemporains opposa sous le dernier règne aux clameurs d'une assemblée po- litique? Si Villeroy profita de son crédit, ce fut moins pour lui-même que pour son fils, en faveur duquel il chercha à obtenir l'exécution de la promesse anciennement souscrite par Henri III. Le succès couronna ses efforts, et, en 1608, Charles d'Halincourt remplaça Philibert de la Guiche dans le gouvernement de Lyon. (1) Le savant historien de Henri IV, M. Poirson a longuement analyse la conduite de Villeroy, et conclut en sa faveur. (2) Oraison funèbre sur le trespas de M. de Villeroy , faite et récitée à Lyon, le second jour de la présente année 1618 par le père Pierre Coton de la O de Jésus, prédicateur ordinaire du Roy, p. 28.