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88 LES VILLEROY. catholicisme servait de trait d'union aux deux familles. Le ma- riage fut célébré le 26 février 1588, et le roi promit par écrita d'Halincourt la survivance du gouvernement de son beau-père. Mais la situation fut bientôt changée. Henri III, mé- content de Villeroy auquel il reprochait d'avoir sacrifié les intérêts de la cause royale dans la paix conclue avec le duc de Guise après les journées des Barricades , Henri III, dis- je, renvoya son ministère. La disgrâce de Villeroy fut bientôt suivie de la mort de M. de Mandelot. Le roi ne tint aucun compte de ses promesses ; le gouvernement de Lyon fut donné au duc de Nemours, et la lieutenance de ce gouver- nement enlevée a d'Halincourt ; défense même lui fut faite de séjourner dans cette ville. Loin d'y obtempérer, Charles se jeta dans les bras de la Ligue. Son père, sentant la défi- ance de Henri III augmenter tous les jours, et se voyant même refuser la permission de sortir de France, embrassa le parti du duc de Mayenne, et entra dans Paris le 18 mars 1589. Quelques jours plus tard, il écrivait la première partie de ses Mémoires où il ne négligeait rien pour se justifier. Les accusations les plus odieuses ne lui étaient pas épar- gnées ; la Satyre Ménippée témoigne de leur violence. Voyez, disait-elle, « ce petit homme..., habillé a l'espagnole, et néantmoins portant la chère françoise..., sa contenance double, et son chapeau doublé, et sa gibecière quadruplée; et dessus sa teste du costé d'entre le soleil du midy et le couchant, pleuvoit une petite pluie d'or qui luy faisoit trahir son maistre,et avoit en sa main une couronne de papier, qu'il présenloit a une jeune dame bazanée (l'infante d'Espagne). Fendidit hic auro palriam! » Voilà une peinture saisissante, mais nous la croyons mensongère . Parmi les accusations contre lesquelles Villeroy s'est soulevé, il n'y en a pas qu'il ait repoussé avec plus d'indignation que celle d'avoir été corrompu par l'or étranger. Son langage respire une cons-