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AlA                   IA GUERRE D'ORIENT.


                                IV.

      Le Czar avait pensé : « La France et l'Angleterre
      « Conservent du passé la haine héréditaire,
      « Et, mieux que par la mer, leur peuple est divisé
      « Par le rouge Océan du sang jadis versé.
      « L'un à l'autre opposés, ces rivaux sans rien dire,
      « Laisseront mes états s'agrandir d'un empire ;
      « La France est elle-même en proie aux factions,
      « Et des partis encor s'agitent les tronçons ;
      « Profitons du moment, fondons sur la Turquie,
      « Et, qu'avant leur réveil, l'œuvre soit accomplie !
      « Dans ce mourant empire, infusons sans retard,
      « Comme un sang généreux aux veines d'un vieillard,
      « Mes jeunes nations que le vent du nord glace,
      « Et, sous un ciel plus chaud, dans un nouvel espace,
      « Dans un terrain fécond conquis par leur effort,
      « Faisons épanouir, arbre vivace et fort,
      « Aux regards de l'Europe alors épouvantée,
      • Ma royauté du nord, dans le sud transplantée î
      >
      « P>ien ne peut maintenant à ee but s'opposer,
      « Et, dans un tel moment, c'est vaincre que d'oser. «

      Tu ne savais donc pas, ô Czar, que l'Angleterre
      Et la France à présent ne se font plus la guerre
      Sur les flots empourprés, ni dans les champs rougis;
      Ailleurs sont transportés leurs combats élargis.

      La brise qui parfois souffle de Dieppe à Douvre,
      La brise qui revient de Windsor-Lodge au Louvre,
      Elle n'apporte plus aux deux peuples rivaux
      Les lugubres accents des belliqueux travaux,
      Les grondements du bronze et les cris d'une armée
      Se regardant du bord, de colère enflammée,
      Et, dans les ports aclifs domptant les flots soumis,
      A travers le détroit, des hymnes ennemis.