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ET AU LAC MAJEUR. 4G5 guère , la lune , franchissant les cîmes du Valais, balançait dans un ciel sans nuages son disque d'argent rehaussé d'une auréole aux mille couleurs ; sa molle clarté couronnait d'une pure lumière les noirs sommets au milieu desquels elle glissait, puis, tombant sur le lac , l'inondait de ses blancs reflets, et laissait errer un de ses rayons sur les lointains à demi-perdus de Villeneuve et de Chillon Derrière nous, au milieu des derniers bruits du jour, tout illuminé de mille flambeaux éclipsés par cette nuit brillante, tout embaumé du parfum des fleurs , plein de coquetterie et de grâces, notre hôtel souriait à cet incomparable lableau. La route de Fribourg, que nous prenons dès le lendemain matin , débute par une côte assez raide qui serpente aux flancs de la montagne et offre à nos regards des aspects divers et dé- licieux ; ils plongent au loin sur tout ce paysage , que les rayons d'un éblouissant soleil peignent de couleurs charman- tes ; à nos pieds, Vevey , calme et tranquille , dort encore , bercé par le murmure des flots. Mais bientôt s'éloignent et la ville , et les rochers, et le lac lui-môme ; nous ne l'aperce- vons plus qu'à de rares intervalles , comme ces amis restés debout sur le seuil de leur demeure , pour saluer à tous les détours du chemin , un ami partant pour un lointain voyage. Adieu donc , ô lac, et puissions-nous un jour nous retrouver sur tes bords, plus vieux d'années, sans doute, mais toujours aussi jeunes d'affection et de cœur!.. Adieu ! 30