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                   BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.                      07
    « La question était toute morale et toule politique. II s'agis-
 « sait de maintenir l'idéal de l'Evangile, d'honorer la pauvreté
 « et de permettre ainsi aux classes inférieures de s'estimer elles-
  <
« mêmes, de s'organiser et par là d'arriver peu à peu à l'égalité
" civile ; il s'agissait aussi de maintenir les bases de l'ordre établi
••' et de ne pas livrer le monde à une perturbation qu'il était in-
 < capable de supporter. Il s'agissait en un mot, de frayer, en-
  >
 « tre le système qui voulait tout renverser et le système qui
 •• voulait tout maintenir, les voies de la sagesse et du progrès. »
    Tel fut donc le problème que se posa saint François d'As-
sise, d'après M. F. Morin : donner satisfaction à ce qu'avaient
de légitime les aspirations religieuses et sociales des novateurs
au XIIIe siècle, sans porter atteinte ni aux droits acquis ni aux
fondements de la société existante; préparer l'éclosion d'un
monde nouveau lout en respectant l'organisation du présent,
voilà le but. — Glorification inouie de la pauvreté par la créa-
tion d'un ordre où l'on jurait de mendier son pain de chaque
jour ; solidarité des classes inférieures unies dans une affilia-
tion immense sous le nom de tiers-ordre, voilà les moyens.
La réalisation de ces deux choses a, pour une grande part,
anéanti le régime féodal du moyen âge et enfanté la société
moderne.
    Nous ne suivrons pas notre collaborateur dans les développe-
ments et les preuves de cette thèse historique aussi neuve que har-
die, dont il s'efforce de faire ressortir la démonstration en entrant
successivement dans l'examen du caractère de son héros et de
sa trempe d'âme, de sa conduite et de sa prédication, de sa
 règle et de son gouvernement, de toute sa vie enfin et de toute
 son œuvre se perpétuant pendant plusieurs siècles... Cette dé-
 monstration sort-elle victorieuse et complète de tous ces beaux
 récits et de cette intéressante exposition ? Laisse-t-elle dans
 l'esprit une convictiou arrêtée et sûre d'elle-même ? M. Morin
 nous permettra de lui soumettre quelques doutes et quelques
 remarques. Nous admettons facilement que les institutions fran-
 ciscaines ont exercé une certaine influence dans l'ordre politique
 et social, il n'en pouvait être autrement ; mais ce qui ne nous