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ET AU LAC MAJEUR. 541 embrassons d'un dernier regard Grindelwald, ses glaciers, sa vallée, ses chalets, tout cela comme fermé par une cein- ture de montagnes dont les crêtes inaccessibles sont couron- nées de neiges éternelles. Ici, pas de végétation ; quelques vaches dispersées paissent une herbe courte et rare, et trou- blent seules, par leurs beuglements solennels, le silence pro- fond de cette effrayante solitude..., je me trompe, un vieux pâtre, génie familier de ces contrées désertes, jetait à travers un cornet de bois je ne sais quel son lugubre que les échos se renvoyaient en lamentables accents. Le ciel était sombre , poussés par un vent froid et humide les nuages roulaient comme les flots d'un océan en fureur, nous cherchous un abri dans un chalet où l'espoir d'un gain misérable confine une pauvre veuve ; entre ses parois, sous ses voûtes de pou- tres à peine dégrossies et tremblant sous les raffales, nous trouvons quelque repos et même un peu de pain noir à tremper dans du lait digne des tables les plus somptueuses ; puis, jetant un dernier regard à ce triste paysage au milieu duquel le Wetterhom se dresse comme une borne gigan- tesque entre les deux versants de la Scheideck, nous nous dirigeons vers la vallée de la Schwardzwald (1) où nous allons bientôt descendre, et sur les bords de laquelle je le laisse. (I) Forél noire.