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 194                          DP: L'ORIGINE
  les distinctions de Saliens, de Ripuaires, de Visigoths ou de Bur-
  gondes, de même que toutes celles aussi de lides, de colons et
  d'esclaves. Il n'y eut plus que la puissance territoriale et l'asser-
  vissement de l'homme par la terre.
     Lorsque la féodalité absolue eut accompli sa mission, et que la
  tourmente sociale se fut apaisée, le progrès commença à se faire
 jour par les communes, par la royauté et par l'Église concourant
 dans des voies diverses à l'affranchissement de la terre et de
 l'homme.
    Il fallut compter avec les communes réclamant leur indépen-
 dance, et avec les vilains demandant la propriété des possessions
 qu'ils ne tinrent d'abord qu'à titre de Cens, mais dont chaque
 génération était venue étendre et fixer le droit entre leurs mains.
    La féodalité absolue tomba surtout devant la loi de succession
 consacrant le droit de propriété.
    La royauté vint ensuite faire tout plier sous sa domination uni-
taire et protectrice : et le seigneur hautain et violent, et le bour-
gois jaloux (1). Au lieu d'être propriétaire de son royaume, le roi
n'en était que l'administrateur, le haut suzerain, ayantle domaine
direct ou éminent sur toutes les possessions, même sur les fiefs,
protégeant et consolidant ainsi la propriété, toutes les propriétés
privées, celles des vilains comme celles des vassaux.
    Sans doute la propriété, de même que la liberté humaine, con-
 servera longtemps encore les stigmates de la féodalité avant que la
terre puisse devenir l'objet d'une circulation parfaitement libre.
Le régime foncier de la propriété ne peut jamais être changé par
l'œuvre rapide d'une révolution. Mais, enfin, le droit est consa-
cré , droit transmissible par contrat et par succession. Là est le
progrès, progrès immense, car c'était une transformation de la
société.
    La transformation de la société, dit M. Guérard (2), s'opéra

  (1) « Nous avons vu, dit Bcaumanoir, moût de dcbas es boncs viles dos
uns contre les antres, si comme des povres contre les riches , ovi des riches
mesmes les uns contre les autres, etc..»
  (1) Polyptique de l'abbé Imirr.on, 1.1 , \>. 210.