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 78                   EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ
 de dos est long et osseux, et sa construction n'est pas très cor-
 recte. Quant aux vêtements et aux accessoires, ils sont rendu»
 avec une perfection                   flamande.                 •
     L'Ouvrier charron (n° 285) est une bonne étude ; la figure
 est pleine de jeunesse, de confiance, de vigueur, d'indifférence
 pour le lendemain, d'entrain au travail ; c'est une saine nature
 d'ouvrier excellemment reproduite.
     M. Armand Leleux abuse des ombres noires ; l'effet produit
  par ses tableaux en est augmente ; mais, en regardant attenti-
  vement, on vient à croire que l'artiste trouve, dans cette obscurité
 systématique, un moyen de dissimuler beaucoup de négligences.
     M. Adolphe Leleux continue à nous envoyer des épisodes de
  1848. Le ton de ces petites compositions moitié tristes, moitié
  grotesques, est bien approprié aux scènes qu'elles représentent.
     M. Luminais a trois tableaux trop peu achevés. Le Passage
  du Gué, vu à distance, offre une silhouette naïve et gracieuse ;
 les deux chevaux campagnards qui s'avancent d'un pas lourd et
 la tète baissée à travers le ruisseau, le jeune paysan qui se
 penche vers sa compagne de route, la figure douce et grave de
 celle-ci : tout cela forme une jolie idylle rustique.
    La Nouvelle Sachette de M. Jacquand est un tableau où l'ar-
 tiste a fait comme d'habitude des prodiges de coloris et de
 lumière ; le vieux bahut, par son relief extraordinaire, attire
 sur lui toute l'attention et devient le sujet principal ; la jeune
 fille accroupie dans un angle, n'est plus qu'un accessoire auprès
 de ce meuble traité avec tant de prédilection.
    Sous ce titre : La Promenade du Jeudi, M. Armand Gauthier
nous montre d'humbles Frères ignorantins qui, déchargés du
 soin de leurs écoles, s'en vont deux par deux à travers la cam-
pagne. M. Gauthier a bien saisi l'attitude humble et timide dés
pauvres instituteurs du peuple, mais il s'est trop complu dans
la vulgarité, et leur a donné une contenance encore plus com-
mune que celte qu'ils adoptent par simplicité de cœur ; c'était
pourtant le cas de relever ceux qui s'abaissent volontairement.
Les dimensions des personnages sont petites, mais si l'artiste
leur avait donné la grandeur naturelle, nous aurions eu une
peinture rappelant presque celles de M. Courbet, et montrant
à découvert les faux résultats que donne l'observation, lors-
qu'elle se détourne de la recherche de l'idéal.
    Le Délateur, par M. Appert, est remarquable par la couleur,
l'habileté et l'assurance du pinceau ; la conception et la dispo-
sition ne sont pas heureuses : cette bouche de bronze qui trans-
mettait dans la chambre de l'inquisition d'état les délations
 qui lui étaient confiées au dehors, n'est-ce point là seulement
 une légende, une tradition populaire ? L'aristocratie vénitienne.