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                          NÉCROLOGIE.                           Gt

Lyon en 1848 , et surpris par l'avalanche de février , dont ses
prévisions ne nous croyaient pas aussi rapproché, l'ancien écri-
vain royaliste reprit sa plume ; mais , sans espoir de relever la
royauté, il voulut du moins aider à sauver du naufrage la reli-
gion , la famille, la propriété, grands principes nécessaires à
l'existence et au maintien de toute civilisation. Avec un courage
qui ne mesurait pas les sacrifices, M. Sassi organisa vers la fin
de 1849 un journal mensuel qui, sous le titre de La Presse des
Familles, devait combattre les folles utopies du moment. Le
prospectus et le premier numéro, daté de janvier 1850, étaient
dus entièrement à la plume du fondateur dont le nom ne parais-
sait nulle part. La signature du gérant était empruntée à la com-
plaisance d'un homme entièrement étranger à cette collabora-
tion. Malheureusement, à une entreprise de cette importance,
le talent et la bonne volonté ne suffisent pas. Malgré l'habileté
de rédaction de cette livraison, elle ne fut suivie d'aucune autre,
et la Presse des Familles succomba sans avoir fait le bien que
son rédacteur se promettait.
    L'esprit de M. Sassi était surtout l'esprit des salons et des
bonnes manières ; il l'avait toujours à sa disposition et souvent
il se donnait le plaisir d'être charmant pour une ou deux per-
sonnes, comme un autre pour une nombreuse réunion. Homme
religieux et moral, il disait parfois que dans sa longue carrière
d'écrivain il n'avait jamais laissé tomber de sa plume une
phrase dont il eût pu rougir devant une femme ou un enfant.
Peu de nos littérateurs du jour pourraient en dire autant.
   Le lundi , 9 janvier, une attaque est venue surprendre cet
homme estimable, sans que sa famille et ses amis aient pu pré-
voir et détourner le coup. Deux jours après ses amis l'accompa-
gnaient tristement à sa dernière demeure; c'était un deuil de
famille , un de ces deuils dont le cœur fait la meilleure part.
                                                   A. V.