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                      DES TABLES TOURNANTES.                      205
  trois savants que nous venons de nommer croient à la possibilité
 de ce fait physiologique savoir, que dans certaines conditions de
 l'organisme, les muscles sujets à la volonté se font volontairement,
 ou non exécuteurs de mouvements qui, pour ne pas être sentis,
 appartiennent de droit à la catégorie des mouvements automati-
 ques. Cette découverte, dont il n'y a pas de trace dans les livres de
 physiologie , nous servira plus tard de point de départ dans l'ex-
 position de la manière théorique que nous croyons la plus conve
 nable pour se rendre compte de la cause du phénomène et de son
 mécanisme. A la faveur d'une donnée aussi positive, que nous de-
 vons à la sagacité de coryphées de la science, nous aurons une pré-
 misse inébranlable qui nous préservera de conclure à faux, s'il
 est hors de doute que , partant d'un principe solidement établi,
 pour peu que la logique intervienne, on aboutit toujours à des
conséquences irréprochables.
     Dans le but de profiter de cette découverte, il est d'abord utile
 de bien définir ces mouvements, afin de connaître à quel organe
 il faut les rapporter, et à quelle cause efficiente nous les devons.
 Oui, il est vrai, qu'il s'agit d'un phénomène purement organique
 qu'on aurait tort de rapporter à une autre intervention qu'à celle
 d'une force qui se crée en nous, et qui est mise en activité par
 nous. Si la table se meut au contact des mains des expérimenta-
teurs , nul doute que les expérimentateurs sont la cause de ces
mouvements. Si, moyennant un langage de convention, la table
fait des réponses, tient des discours, dicte des maximes, et s'ap-
plique à d'autres exercices plus ou moins merveilleux ( car, qu'on
se le persuade bien, il y a beaucoup plus qu'un simple mouvement
à expliquer), cela tient incontestablement à un état particulier de
nos membres qui se débarrassent temporairement du contrôle de
notre surveillance sensitive. Mais toutes ces variantes du même
phénomène doivent être ramenées à une même dérivation ; il faut
donc les admettre puisqu'on ne peut moins faire, et prendre le
seul parti raisonnable , celui de les étudier, pour éviter d'avoir
recours au plus mauvais expédient scientifique, de nier par la raison
qu'on ne comprend pas.
    Qu'avant d'entrer en matière on nous permette une observation
préalable.
    Tous les savants qui ont traité ce sujet (je parle des automatis-
tes), ont reconnu, ou tout au moins ont cru reconnaître , qu'il
s'agit d'un fait de peu d'importance, qui n'a de prodigieux que ce
qu'il emprunte à l'ignorance des notions élémentaires physiologi-
ques et mécaniques. Cependant, malgré cette identité d'apprécia-
tion, les automatistes ne s'accordent guère lorsqu'ils puisent dans
la physiologie et la mécanique les preuves à l'appui de leur asser-
tion. Et cependant il devrait en être tout autrement, si la chose
était aussi élémentaire qu'ils le prétendent. D'après la divergence
qui existe dans la manière d'apprécier les causes et le méca-
nisme du phénomène, il sera permis d'admettre que quelques-uns-