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J. AUTRAN. Spectateur ébloui, j'ai cru la voir éclore Des flancs ténébreux du chaos. Oui, je crois assister à celte heure première Où l'esprit du Très-Haut sur les vagues porté D'un seul mot fit jaillir une immense lumière A travers leur immensité. Autour des Archipels que Jehovah découpe, Autour des continents qui se creusent en lit, Je vois monter la mer comme l'eau d'une coupe Que Dieu pour son festin remplit. Je la vois en niveau rouler de grève en grève Son cristal où le ciel, étonné de se voir , Sourit émerveillé comme la première Eve Souriant au premier miroir. Je la vois , je l'entends ! sa voix neuve et sonore Pour la première, fois résonne sur ses bords , Ainsi qu'un instrument qui préludant encore Hasarde ses premiers accords. . Et les jeunes forêts de ses côtes sauvages Lui répondent soudain par un frémissement Qui roule et se prolonge autour de ses rivages , Comme un vaste applaudissement. Mais quel est, à son tour, ce passager étrange Qui vole dans l'éther et qui rampe sur l'eau , Le flot sur son passage avec respect se range ; Monstre des mers, il a les ailes de l'oiseau. La vague devant lui se divise écumante , Sa masse sur les eaux glisse avec majesté, Et sous le vent plus fort si sa vitesse augmente , Sa course creuse au loin une ornière fumante Comme celle d'un char dans la lice emporté. Homme ! on te reconnaît à cet orgueil sublime ! Tu possédais la terre et c'était peu pour toi : N'assignant pas de borne à l'espoir qui t'anime . Tu veux régner aussi sur l'orageux abîme :