page suivante »
TABLEAU DE LA LITTÉRATURE DU NORD. 307 noire forêt gémit comme le ramier , mais bientôt il bondit comme le cerf et entraîne son peuple au combat. » La lutte est racontée avec art. « La fuite des ennemis , la poursuite sur les chevaux sauvages , hennissants dans la forêt, se pré- cipitant dans les tourbillons du torrent, les âmes des morts voltigeant d'arbre en arbre , avec les éperviers et les hiboux ; mais s'élevant bientôt, par la vertu des sacrifices et des prières, jusqu'au sommet de la montagne lumineuse , vers les hau- teurs où planent les images des Dieux vainqueurs. » On pourrait en rapprocher un chant serbe sur la funeste ba- taille de Kosovo , en 1389 , qui présente un bel idéal de courage malheureux et de dévouaient chevaleresque : « La Tzarine Milicia conjure, la veille de la bataille, son époux Lazare de lui laisser au moins un de ses frères. Mais, au moment où il va affronter les Turcs , lorsque le Tzar part avec ses vaïvodes , que les guerriers défilent à la porte de la ville blanche , sur leurs coursiers , au cou de cygne , aucun des frères de la Tzarine , bien qu'ils chérissent leur sœur, ne renonce à aller verser son sang pour le Christ et la défense de la foi. Et le lendemain , deux noirs corbeaux , volant du champ de bataille vers la blanche tour où attend la Tzarine éplorée , lui annoncent son malheur, la mort héroïque des siens et la victoire sanglante d'Amurat achetée par une noire trahison. » L'auleur qui nous avait parlé des mystères contenus dans les Runes s'avance au cœur du moyen âge ù travers l'Allema- gne, qui a si bien résumé en elle le génie poétique du Nord. A partir de ce moment, il est inutile de citer des exemples et des textes. Cette terre fertile et si riche, que le Rhin arrose de son large et paisible courant, sur laquelle plane le brouil- lard transparent des grands fleuves, et les fraîches ombres des chênes de la Forêt-Noire , des sapins du Taunus, et dont les larges horizons se perdent dans les flots de cristal de la