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308 TABLEAU DE LA LITTÉRATURE DU NORD.
Baltique; cette terre » voisine de nos frontières , nous avons
bien appris, depuis quarante ans, à la connaître et à l'aimer.
C'est donc au livre môme de M. Eichhoff que nous renverrons
le lecteur. Celui-ci croira voir, avec la légende d'Anno , le
moyen âge tout entier se relever. C'est ainsi qu'en entrant
sous les voûtes majestueuses du Muaster de Strasbourg ou
de Cologne, dans le demi-jour solennel de la nef, les sculp-
tures gothiques, les statues pieuses paraissent revivre , tandis
que la voix argentine des cloches sonores se perd comme un
soupir des temps passés , dans le calme du ciel bleu et le
silence du présent.
Le développement de la poésie allemande à la cour che-
valeresque des Hohenslaufen , développement qui correspond
au siècle brillant des Trouvères , des Troubadours français ,
est parfaitement retracé dans quatre ou cinq chapitres inté-
ressants que couronne la lutte poétique, soutenue sous les
voûtes de la Wartbourg par ces savants chanteurs du XIIIe
siècle, Henri d'Oflerding, Walter de Vogelweid, Wolfram
d'Eschenbach et Klingsor de Hongrie , lutte aussi violente
que poétique, dont le landgrave de Thuringe, fut le souve-
rain juge, et la belle châtelaine l'ange consolateur.
C'est ainsi qu'apparaît l'austérité du spiritualisme germain,
adoucie par la grâce d'une tendre inspiration. Cette inspira-
tion , M. Eichhoff la dépeint en faisant ce portrait des Min-
nesinger : « Souvent absorbés en eux-mêmes , ils ne voient
dans la scène mouvante du monde que la dame de leurs
pensées, les prairies , les fleurs, les oiseaux ; ils expriment
en mesures diverses , toujours pleines de douceur et de
grâce , leurs désirs , leurs plaisirs , leurs regrets , le succès
tardif de leur constance. Souvent aussi ils se réveillent, et,
sortant de celte sphère vaporeuse, ils contemplent la vie ,
signalent ses illusions , analysent ses phases si variées. Dès
lors, ce ne sont plus de simples chants d'amour, des rimes