Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
           TABLEAU DE LA LITTÉRATURE DU NORD.                305

pour siéger sous l'arbre du monde. Alors la moisson s'élève
sans culture el le mal disparaît à jamais ; un palais plus beau
que le soleil surgit élincelanl d'or, c'est là qu'habileronl les
peuples fidèles, au sein de l'élernel bonheur. »
   L'ordre chronologique eut voulu que nous parlions des
Celles, ainsi que l'a fait M. Eichhoff, avant de citer l'épopée
des Normanns, fils des Goths ; mais les fragments qui nous
restent de la littérature erse ou gauloise, ont été l'objet de
telles falsifications qu'il est difficile de les aborder sans une
certaine réserve. Cependant le fond de ces fragments est au-
thentique, comme cela a été démontré en Angleterre, no-
tamment parfumer. Lorsque M. Eichhoff, avec l'émotion du
voyageur, décrit ces rocs sourcilleux, où viennent se briser
les vagues de la mer des Hébrides, les portiques de géant ou
elles s'engouffrent, autour de la grolle de Fingal, les mu-
gissements de l'Océan auxquels répondent les cris aigus des
cormorans et des orfraies, c'est peut-être la meilleure critique
que l'on puisse faire, en l'absence de monumenlspluscomplels
que les Triades et leschanls ossianiques; critique qui cherche
les harmonies de la nature, et dont M. Eichhoff fait vibrer ici
la note mélancolique, telle qu'elle dul relenlir autrefois sur
la harpe des bardes, comme elle retentit encore dans les
plaintes du vent, de l'extrémité des Orcades à la pointe de
Cornouailles.
   Du sein de la tradition anglo-saxonne, qui compte les
figures religieuses el pures du vieux Cedmon, du vénérable
Bède, de saint Boniface el d'Alcuin, l'auteur s'esl plu à faire
surgir dans toute sa gloire une personnalité qui domine toutes
les autres : celle du roi Alfred, se dressant contre la barbarie
des pirates envahisseurs, s'illuslranl dans la paix comme
dans la guerre, par ses lois comme par ses victoires, ainsi
que l'avait fait Charlemagne, mais le surpassant par ses
vertus. Qui se souvient même en Angleterre qu'au IXe siècle
                                                     20