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      ROME EN 1855.


   Un voyageur moderne, M. Valéry, a dit « qu'il est difficile de
ne faire qu'un seul voyage en Italie ; que celui qui n'y serait
point retourné ne serait guère digne d'y avoir été. » Cet adage
est surtout vrai pour la ville éternelle où tant d'objets attirent
les regards de l'artiste, de l'antiquaire et du chrétien. Quelque
minutieux qu'ait pu être un premier examen, on est tout surpris,
lorsqu'on veut classer ses notes et ses souvenirs, de s'apercevoir
qu'une foule de choses ont échappé à l'attention la plus sou-
tenue. De là le besoin de revoir des lieux qui nous ont fait
éprouver de si douces émotions. Mais, si j'en juge par moi-
même, ces émotions perdent beaucoup de leur force à cette
seconde épreuve. L'enthousiasme du premier voyage n'étant
plus soutenu par le charme de la nouveauté, fait place à un
examen plus froid, mais aussi plus réfléchi. En définitive, si le,
voyageur est moins ému, en revanche il revient plus instruit que
la première fois.
   Depuis huit ans que je n'avais vu Rome, que d'événements
s'étaient accomplis ! Qui m'eût dit en la quittant que je la retrou-
verais occupée par une garnison française ! Qui m'eût dit surtout
que cette ville qui, après avoir été la capitale du monde, semblait
désormais destinée à n'être plus que le paisible séjour de la reli-
gion, de la science et des beaux-arts, serait bouleversée par les
 convulsions politiques les plus violentes ! Mais écartons ces fu-
 nestes souvenirs pour ne nous occuper que des nouvelles décou -