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110                  PHILOSOPHIE CARTÉSIENNE.

Pellisson, qui n'est cartésien qu'avec des restrictions, parle
 de Descartes à Leibnitz : « Ses pensées en métaphysique sout
sublimes et s'accordent dignement aux plus hautes vérités de
la religion chrétienne. Sa méthode si bien écrite, dont j'ai
été amoureux en mon enfance, me semble encore aujour-
d'hui un chef-d'œuvre de jugement et de bon sens. Où trou-
verait-on plus d'esprit et d'invention qu'en tout ce qu'il a
imaginé sur ce beau, mais difficile problème du monde, que
Dieu a exposé à nos yeux et abandonné à nos disputes (1)? »
Non seulement La Bruyère admire Descartes et s'écrie : « Que
deviendront les Fauconnet? iront-ils aussi loin dans la pos-
térité que Descaries né Français et mort en Suède (2)? »
Il lui emprunte encore ses arguments et ses principes pour
combattre les esprits-forts. « Je ne conçois point qu'une
ame que Dieu a voulu remplir de l'idée de son être in-
fini et souverainement parfait puisse être anéantie. Je
pense et je suis certain que je pense. Or, quelle proportion
y a-t-il de tel ou tel arrangement de la matière, c'est-à-dire
d'une étendue selon toutes ses dimensions qui est longue,
large, profonde, et qui est divisible dans tous les sens, avec
ce qui pense? En un mot, je pense, donc Dieu existe, car
ce qui pense en moi, je ne le dois pas à moi-même, parce
qu'il n'a pas plus dépendu de moi de me le donner une pre-
mière fois, qu'il dépend encore de moi de me le conserver
un seul instant (3). »
   Tout en prolestant contre l'automatisme, dans celte ad-
mirable épître, si mal intitulée la fable des Deux rats, du re-
nard et de l'œuf, La Fontaine, interprète de l'admiration com-


  (1) Lettre à Leibnitz, Paris, 28 octobre 1691, à h suite de la Tolérance
des religions, l'aris, in-12, 1692.
  (2) Chap. sur les biens de la fortune,
  (3) Chap. des esprits-torts.