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NOTICE SUR VICTOR ORSEL. 507 nous allons maintenant essayer de faire connaître leur impor- tance et leur mérite. Nous ne nous arrêterons pas à quelques ouvrages exécutés à Lyon et à Paris pendant le cours de ses études, quoiqu'ils fissent pressentir ce que serait un jour leur auteur (1), mais le premier tableau dont nous parlerons, est celui de la Charité, donné par l'auteur, en 1823, à l'établissement de ce nom. Cet ouvrage, exécuté à Rome, et de grande dimension, repré- sente une jeune femme d'une physionomie douce et bienveil- lante, assise sur le perron d'un monument, et allaitant un en- fant qu'elle soutient de la main droite, tandis que, de la gauche, elle présente du pain à un vieillard à ses pieds. D'autres enfants sont groupés près de celui qu'elle allaite, et, derrière le vieillard, quelques pauvres apparaissent encore. Cette œuvre, dont l'idée est belle, la composition riche et le dessin correct, se ressent un peu, selon nous, de la jeunesse et de l'inexpérience de son auteur. Les enfants sont bien dessinés et l'expression des têtes de pauvres, surtout celle de la vieille femme, sont parfaites et pleines de vie, mais la lumière n'est pas assez largement disposée sur l'ensemble général, et le vieillard, dont la tète amaigrie annonce la souffrance, a, dans tous ses membres, une fermeté de chairs, une ampleur de formes et une puissance musculaire impossible à cet âge ; la tête et le corps ne peuvent appartenir au même homme. En général ce tableau, quoique moins beau que ceux que l'auteur a produit plus tard, est, malgré cela, une chose très-remarquable, et à laquelle on doit attacher beaucoup de prix : il se trouve à l'hospice de la Cha- rité, au-dessus de la cheminée de la salle du conseil. Le second ouvrage important d'Orsel, fut Adam maudissant Caïn, meurtrier de son frère. Cette œuvre, infiniment supérieure à celle que nous venons (i) Tels sont : i° le CAri.tr que l'on voit dans l'église de Saint-Nizier, 'mité de celui de la Transfiguration, par Raphaël ; 2° le tableau d'Abraham renvoyant Agar, et qui, acheté par la Société des Amis-des-A.rts, appartient aujourd'hui à M. Jacques Orsel, frère aîné de l'auteur.