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                      DE L'UNITÉ DES ARTS.                       409
jours, nous aurons à tirer bien des éclaircissements sur l'état
 intellectuel et moral de notre époque, et peut-être aussi quel-
ques conjectures sur la marche des arts dans l'avenir.
    Toutes les considérations générales dont nous faisons ainsi
précéder l'histoire comparée des arts que nous avons entrepris de
faire passer sous vos yeux ont eu pour but de vous amener à
reconnaître l'utilité pratique de cette histoire. Nous ne ferons
pas devant vous de l'archéologie minutieuse, nous nous atta-
cherons seulement aux résultats généraux, à ceux dont on peut
tirer un enseignement.
   Ainsi, entre l'époque d'unité confuse ou dans la synthèse pri-
mitive de l'art et du culte, tous les arts étaient mêlés à l'état em-
bryonnaire au sein de l'architecture panthéiste de l'Orient, jus-
qu'à ce morcellement exagéré de l'art, à cette subdivision infinie
des genres, à cette anarchie esthétique dont nous sommes témoins
est au milieu de laquelle éclate une confusion pire que la première
dans les emprunts et les empiétements contre nature que les arts
commettent les uns sur les autres, entre ces deux excès qui, tous
deux également, rendent impossible la manifestation du beau,
l'histoire nous donne les moyens defixerla limite où doit s'arrêter
la séparation des arts et des genres, en nous montrant à quel
moment de cette évolution et dans quelles circonstances, chaque
art s'est élevé à son plus haut degré de perfection. Nous appren-
drons par là jusqu'à quel point un art doit rompre avec la syn-
thèse primitive pour conquérir son existence propre, et à quel
point il commence à se détruire comme art, c'est-à-dire comme
manifestation du beau en perdant lui-même son unité dans la
subdivision infinie des genres qui ne deviennent plus que des
moyens d'imitation, presque mécanique, et sans idéal, de l'aspect
matériel des choses.
   Prenons exemple dans la peinture. A l'époque où sur les murs
des temples de l'Egypte et de l'Inde et même de la Grèce, la
couleur s'emploie à recouvrir des bas-reliefs ou s'étend à
teinte plate sur des figures dont les contours et les lignes prin-
cipales sont indiquées au ciseau, on peut dire que la peinture
n'existe pas encore. A une autre extrémité des temps et des