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504 NOTICE SUR VICTOR ORSEL.
municipal de notre cité avait voté une somme de dix mille francs.
Ce tableau devait représenter un sujet important de notre his-
toire locale. L'administration lyonnaise consentit à reporter sur
Orseî tous les avantages de cette commande, elle l'affranchit
même de l'obligation du sujet imposé à Magnin, et accepta ce-
lui de Moïse sauvé des eaux, et présenté à Pharaon par la prin-
cesse, sa fille.
Orsel attachait beaucoup d'importance à cet ouvrage dont il
faisait le carton, lorsque nous arrivâmes à Rome, en 1826.
L'accueil simple et cordial qu'il nous fit, et une certaine con-
formité de goûts pour un art dans lequel il avait déjà tant d'ex-
périence , nous attira vers Orsel bien plus que vers aucun des
autres artistes français qui étudiaient alors en Italie. Aussi
allions-nous souvent passer plusieurs heures avec lui dans des
causeries artistiques qui avaient pour nous beaucoup d'intérêt.
Orsel raisonnait parfaitement son art, et il y avait toujours
beaucoup à apprendre dans ses entretiens.
L'exécution du tableau de Moïse dura plusieurs années , car
ce ne fut qu'en 1831 qu'il parut au salon où il eut le plus
grand succès. La révolution qui venait d'avoir lieu avait changé
toute l'administration municipale de Lyon ; Orsel éprouva quel-
ques difficultés, mais enfin la beauté de l'ouvrage triompha de
tous les obstacles, et le tableau fut accepté par la ville.
Après avoir fait plusieurs voyages en France, Orsel y était
définitivement rentré en 1831. A cette époque nous le revîmes
à Lyon, mais notre ville était un théâtre trop restreint pour un
artiste accoutumé à vivre à Rome ou à Paris. II partit donc pour
la capitale, et là il voulut mettre à exécution un projet qu'il avait
conçu depuis longtemps, et dont il nous avait souvent parlé en
Italie ; c'était de s'adonner à la peinture symbolique dans la-
quelle il avait déjà acquis des connaissances très-étendues.
Frappé des idées religieuses si éloquemment exprimées par
les peintres du moyen âge, il avait eu le soin de dessiner lui-
même toutes les fresques du Campo-Santo à Pise, et, visitant
le nord de l'Italie, il avait amassé, par un travail assidu, les
matériaux les plus curieux et les moins connus des artistes qui,