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10 LA SOURCE ÉTERNELLE.
Dans ce bruyant vallon, rien n'a de vie, hors moi ;
Tout est forme éphémère ;
Et j'étais insensé quand j'allais , plein de foi,
Dire au chêne : mon frère !
Rien n'est pensée au fond des forêts où j'entends
La parole suprême ;
Rien n'est amour ni joie en tes fleurs, ô printemps !
0 toi par qui l'on aime !
Cependant écoutez : — Sur le chemin du cœur
11 est des jours de vide
Où dans l'or le plus pur toute humaine liqueur
Trompe la lèvre avide ;
Où, brisé par le monde, incapable d'effort,
Le penseur sur son livre,
L'amant sur son amour, croyant que tout est mort,
Veut renoncer à vivre.
C'en est fait ! feuille et fleurs sèchent en un moment ;
La sève a quitté l'arbre ;
Le dernier flot tarit, et ta main vainement
Frappe ton iront de marbre !