page suivante »
NOTICE SUR VICTOR ORSEL. 509 et n'a pas de vie : c'est, en général, la partie faible du tableau, auquel on peut reprocher aussi de manquer de profondeur. Malgré ces quelques imperfections, le tableau de Moïse est un magnifique ouvrage qui mit son auteur au rang des artistes les plus distingués. En 1836, fut exposé à Lyon, au salon de la société des Amis des Arts, le tableau intitulé : le Bien et le Mal. Cet ouvrage, fruit des études d'Orsel dans la peinture symbolique, est conçu dans la manière dont quelques maîtres anciens nous ont laissé d'excellents modèles. La pensée en est développée dans une succession de petits médaillons disposés autour du sujet prin- cipal. Le tableau du milieu représente deux jeunes filles, dont l'une, belle, simple et candide, étudie le livre de la Sagesse ; elle est protégée par un ange. Sa sœur, au contraire, foule aux pieds le livre saint, et aussitôt, le démon, sous la forme d'un monstre hideux, exerce son pouvoir sur elle. Dans ce tableau, rien n'est plus suave, plus pur que cette blonde jeune fille inclinant sa tête charmante et lisant attentivement le livre de la Sagesse. Comme tout, en elle, annonce bien l'innocence et ce calme que donne la vertu, tandis qu'une violente agitation trouble les traits de sa sœur, dans l'âme de laquelle le démon souffle le feu des passions. Les conséquences de ces deux impressions diffé- • rentes font les sujets des petits tableaux entourant le sujet prin- cipal. Ceux, à la droite du Christ qui, placé au cintre, préside la scène, sont consacrés au bien, c'est l'histoire de la jeune fille sage ; ils sont intitulés : Pudeur, Mariage, Maternité, Bonheur. Ceux, à sa gauche, représentent la vie de la jeune fille vouée au mal, et sont nommés : Libertinage, Mépris, Angoisse, Déses- poir. Dans le tableau du cintre, le Christ admet au ciel la jeune femme vertueuse, et repousse celle que le démon a perdue. Ce tableau, œuvre poétique et morale s'il en fut jamais, était trop sérieux pour être apprécié d'un public léger comme celui qui fréquente les salons de peinture : il ne fut pas compris. Si l'on veut plaire au public, il faut l'amuser ; mais si vous voulez l'instruire, si vous voulez surtout le rendre meilleur en lui re-