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                   DE LA TABLE DE CLAUDE.                      449

mais sur une colline qui est manifestement celle de Saint-Just
et de Fourvières. La cité Gauloise, capitale du pays des Ségu-
siaves, n'a jamais existé : il serait aujourd'hui indigne de la cri-
tique de discuter la légende de Momorus et d'Atépomarus.
    Mais s'il n'y avait pas dans la Ségusiavie, auprès du confluent
du Rhône et de la Saône, une ville gauloise considérable anté-
rieure à la conquête, on y voyait bien certainement grand nom-
bre d'habitations disséminées [vici) sur le bord des deux cours
d'eau et sur le versant des collines ; peut-être même existait-il
un pagus gaulois auprès de Lugdunum, colonie romaine. La
Ségusiavie était un pays très-peuplé, et on y faisait un grand
commerce : c'est dans cette situation que la conquête la surprit.
    Jules César était parvenu au grand but de son ambition : il
avait obtenu le gouvernement des Gaules et de l'Illyrie, et le
commandement de quatre légions. La tâche qu'il avait entre-
prise était immense : il s'agissait de soumettre à la domination
de Rome des nations belliqueuses et puissantes, qui avaient
fait connaître cent fois aux armées romaines, par de funestes
épreuves, la portée du javelot et la pesanteur du sabre gaulois.
Cette guerre dura dix ans ; elle eut pour résultat définitif et du-
rable la conquête de la Gaule. L'habile lieutenant de César, An-
toine, fit un assez long séjour au pays des Ségusiaves, auprès
de la colline que Lugdunum devait bientôt couvrir. On connaît
l'usage des Romains en pays conquis : ils s'emparaient du
territoire qui devenait leur propriété, en gardaient une por-
tion, et abandonnaient le reste aux populations indigènes. Dans
ce qu'ils s'étaient approprié, il y avait la part de la plebs? celle
des patriciens, et enfin celle de la République : on établissait
les colonies sur la portion qui revenait à la plebs. Le partage
s'étendait aux biens communaux, à moins qu'en leur qualité de
domaine public ils ne fussent affectés en totalité à la commu-
nauté nouvelle. Quand il y avait une ville à la convenance de
Rome dans le pays conquis, Rome s'y établissait et se l'incor-
porait ; s'il n'y en avait pas, elle en bâtissait une, lorsque son
intérêt l'exigeait. Le peuple vaincu ne devenait jamais esclave ;
 il conservait une partie de sa liberté, ses institutions, ses cou-
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