page suivante »
448 MONOGRAPHIE et à exécuter ce qu'elle voit faire. Nos aïeux, les Ségusiaves, avaient un commerce assez étendu ; leurs barques sillonnaient la Saône jusqu'à une grande hauteur : de plus longs détails sur ce qu'ils ont été n'appartiennent qu'à l'histoire de Lyon. Avaient-ils une ville principale, une cité florissante auprès du confluent du Rhône et de la Saône ? Les Eduens possédaient une capitale, Bibracte, qui devint Autun ; en était-il ainsi chez les Ségusiaves ? N'y avait-il que des forêts dans leurs campagnes avant la fondation de Lugdunum ? Quelques écrivains, qui ne pouvaient l'admettre, ont cru fermement à l'existence, sur notre sol, d'une ville Gauloise antérieure de plusieurs siècles à Muna- tius Plancus. Ils ont affirmé qu'elle était enrichie de palais, d'amphithéâtres et de constructions splendides ; on y frappait en monnaie l'or et l'airain, et il s'y faisait un grand commerce : c'était la capitale de la Ségusiavie, et une des villes les plus im- portantes de la Gaule transalpine. Le P. Menestrier appelle cette cité gauloise Lugudunum, et il la place sur le faîte des collines de Saint-Just et de Fourvières ; dans son système, la ville ro- maine, la ville bâtie par Plancus, était située dans la plaine, au pied de la colline Saint-Sébastien, c'était Lugdunum. Mais l'existence de cette vieille cité gauloise, antérieure de plusieurs centaines d'années à la fondation, par Plancus, d'une ville romaine, a été niée par d'irrésistibles arguments déduits de faits qu'on ne saurait contester. Elle ne repose que sur des conjectures vagues et mal interprêtées ; aucun écrivain de quel- que crédit, aucune inscription, aucun monument antique ne l'appuie. César, l'exact César, qui pendant dix années par- courut la Gaule dans tous les sens, et qui a nommé dans ses Commentaires tant de chétives bourgades, ne dit pas un mot d'une ville ségusiave vieille de plusieurs siècles, et qu'on a dit ornée d'aqueducs, d'amphithéâtres et de palais. Comment ad- mettre une telle supposition ? Sénèque a donné des renseigne- ments fort exacts sur la ville romaine, mais il ne parle que de Lugdunum, et ne dit pas un mot de la ville gauloise placée tout auprès. Cependant il a raconté l'incendie d'une ville unique, placée non dans la plaine, au pied de la colline Saint-Sébastien,