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DE LA TABLE DE CLAUDE. 447 sur le sommet de la colline occidentale : tel autre admet que le discours de Claude eut pour résultat de faire passer Lugdu- num de la condition de ville municipe à la condition plus favo- risée, selon lui, de colonie. Presque tous supposent que Claude demanda au sénat des droits politiques en faveur de Lugdunum, c'est-à -dire de la colonie romaine : selon des écrits plus récents, Claude sollicitait en faveur de la nation conquise, mais était-ce pour toute la nation gauloise, ou seulement pour l'élite de cette population, pour ses Principales, mot qui a lui-même plusieurs significations ? On voit combien la question est complexe. Elle n'a pas même été soupçonnée par Menestrier et par Co- lonia (il n'y a rien à dire de Paradin, de Rubys et de Saint- Aubin). Au XVIe et au XVIIe siècle, les sources du droit ro- main étaient fort peu connues, et on ne savait guère chez nous, sur les colonies et sur les municipes, que ce qu'en avaient dit Pompeius Festus et Aulu-Gelle. Les historiens lyonnais du XIXe siècle n'allèrent pas plus avant ; ils n'auraient eu, pour s'éclairer, que le travail estimable mais incomplet et insuffisant de Beaufort. Clerjon ne paraît pas avoir eu connaissance des recherches de Niebuhr et surtout de Savigny sur la question des municipes et des colonies ; il n'en sait pas plus, à cet égard, que Menestrier. De nouveaux travaux, faits en Italie et en Alle- magne, ont encore fait faire des progrès à cette partie de l'ar- chéologie; l'histoire de Lugdunum doit se les appliquer, c'est à son point de vue que je les consulterai. Les Ségusiaves, peuplade de la nation des Gaulois Eduens, habitaient un territoire fertile auprès du confluent du Rhône et de la Saône, dans le delta formé par la jonction des deux fleu- ves, limité'au nord par le pays qui devint plus tard le diocèse de Mâcon, et étendu au-delà de la Loire jusqu'au versant des montagnes de l'Auvergne. Comme les autres peuples de la Gaule cisalpine, les Eduens avaient leur gouvernement propre et des institutions indépendantes. Toutes ces nations formaient une confédération libre ; souvent en guerre les unes avec les au- tres, elles avaient un degré de civilisation avancé. La nation gauloise, a dit César, est industrieuse et très-adroite à imiter