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                     DE L'UNITÉ DES ARTS.                         391
 d'art par excellence, le type éternel de toute œuvre d'art. La na-
 ture, c'est tout ce qui tombe sous nos sens ; et tout ce qui tombe
 sous nos sens, apporte à notre âme une représentation de quel-
 que chose qui réside en dehors de ce que nos sens perçoivent,
 une révélation de l'idée, une image de l'invisible. La nature, l'art
 divin est donc comme les arts humains une manifestation de l'idée
 infinie à l'aide d'une forme finie.
    Voilà donc le sens dans lequel l'art doit imiter la nature. Il n'a
 pas à la reproduire, cela serait à la fois inutile et impossible ; ce
 qu'il peut et doit faire, c'est de s'astreindre dans ses créations aux
 mêmes lois que la nature suit dans les siennes. Manifester l'i-
déal, en prenant la nature, l'univers comme type de toute mani-
festation, tels sont et le but et la règle souveraine de l'art.
   La création divine, l'univers, est le type, le modèle général de
 la création humaine, de l'art. La nature, en tant que créatrice,
est toujours identique à elle-même, elle ne change pas. Le modèle
que l'art humain a sous les yeux est invariable, comme l'invisi-
ble, comme l'idéal, dont ce modèle n'est lui-même qu'une copie.
   Mais si l'univers est toujours un et identique à lui-même
dans son ensemble, il est multiple dans ses formes et varia-
ble dans le temps ; en un mot , il a des modes divers et
sans nombre d'exprimer le même immuable infini. En outre,
il s'adresse à l'intelligence finie des hommes, c'est-à-dire à leurs
sens divers et bornés, c'est-à-dire enfin à la source même, de
toute diversité et de toute variation. La diversité des impressions
de l'homme, en face de la nature comme type de l'art, est donc
un fait aussi nécessaire et aussi constant que l'unité de ce type
lui-même, comme représentation de l'invisible dont il émane.
La division de l'art en diverses branches , les variations qu'il
subit dans chacune de ces branches ont donc leur source à la
fois dans l'univers lui-même, et dans l'esprit humain qui éprouve,
de tant de manières différentes, l'impression de l'univers.
   C'est donc dans la nature même que l'on doit chercher le prin-
cipe et la règle de la division des arts. C'est toujours aux im-
pressions faites par l'univers sur l'esprit des différents peuples
et des différents artistes qu'il faut ramener les causes qui sein-