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DE LA TABLE DE CLAUDE. 363 point eues ? Une découverte singulière, faite bien peu d'années après l'impression de la première édition du onzième livre des Annales, vint décider la question. Au mois de décembre de l'année 1527 (1), un habitant de Lyon, nommé Roland Gerbaud, travaillait la terre dans sa vigne, sur la colline Saint-Sébastien ; la bêche heurta un corps dur, et le choc fit entendre un son métallique : Gerbaud creusa plus avant, et mit à nu deux tables ou pièces de bronze dont l'une des faces était entièrement recouverte de mots latins ; il trouva, près de ces grandes plaques, des ossements d'enfant et un ossuaire en verre. Cette exhumation fit quelque bruit ; il y avait alors, à Lyon, des savants distingués, entre autres Claude Bellièvre. Déjà le goût des incriptions antiques avait beaucoup de vivacité ; à peine Bellièvre, eut-il épelé les premières des lettres gravées sur l'ai- rain, qu'il reconnut un discours prononcé à Rome, dans le sénat par l'empereur Claude, et rendu public par l'impression depuis très-peu d'années. Par un hasard heureux, Gerbaud venait de rendre un grand service à l'archéologie ; un seul point lui im- portait, c'était d'y gagner quelque chose. Cet homme mit en vente ses morceaux de bronze, et les garda quatre mois sans (i) La page des registres des Actes consulaires qui concerne l'acquisition faite au mois de mars i528, et au nom de la ville de Lyon, de la table de Claude, a été publiée pour la première fois dans les Nouvelles Archives du Rhône, ir, 5g. Elle commence ainsi : 12 mars 1529 (1528, v. s.). « Messire Claude Bellieure a proposé que depuis quatre ans en ça, un nommé Roland Gerbaud, etc.» Puisqu'il y avait quatre années, en i528, que le bronze avait été exhumé, la découverte remontait évidemment en i5a4 ; cette obser- vation, je l'ai faite dans mon Histoire de Lyon (p. 95, note 2), et d'autres l'ont reproduite. Au moment de mettre sous presse cette Monographie, j'ai voulu voir le texte original des Actes consulaires ; il m'a été obligeamment communiqué par M. Grandperret, archiviste de la ville, et j'ai lu: « Ledit messire Bellieure a proposé que depuis quatre rnoys en ça un nommé Roland Gerbaud, etc. » Ainsi la découverte de la table de bronze a eu lieu non en i524, mais au mois de décembre 1527. Je reproduirai bientôt l'acte officiel vérifié sous mes yeux, et certifié par M. l'archiviste : le mot motjs est parfai- tement lisible.