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SUR L'ABBÉ BONNEVIE. 323 leaubriand, en parlant de l'abbé Bonnevie ; elle l'estimait et l'ai- mait, comme on aime et comme on estime un homme de bien. Elle accueillait dans sa société, comme des amis, ceux qui se présentaient chez elle avec une simple recommandation de son futur grand-aumônier; et combien de nos concitoyens, jaloux de connaître l'auteur du Génie du Christianisme, ne jouirent de cette faveur que par la grâce de M. l'abbé Bonnevie. Cependant, le cardinal Fesch mourut en 1839 ; le siège pri- matial de Lyon devint vacant, et Mgr de Bonald, aux applau- dissements de tous les fidèles de ce vaste diocèse, y fut bientôt promu. Son installation se fit avec toute la pompe et toute la solennité que comportait un pareil événement. Le concours des autorités civiles et militaires vint s'associer à l'empressement des fidèles, accourus de toutes parts pour se soumettre avec do- cilité à la houlette de l'illustre pontife. Devenu doyen du chapitre par la mort de M. le comte de Rully, M. l'abbé Bonnevie fut chargé de complimenter le bien- aimé prélat, et il le fit en ces termes : Monseigneur, le chapitre de la Primatiale, dont je suis, en ces jours de sainte allégresse, le trop faible organe, s'empresse, parce que c'est pour lui un devoir et surtout un bonheur, d'offrir à Totre Grandeur le respectueux hommage des sentiments que votre diocèse tout entier partage avec nous. Car, Monseigneur, en cette fête solennelle de votre avènement au premier siège des Gaules, lorsque les souvenirs du passé se réveillent au seul nom du pontife, dont l'apostolat, parmi nous, n'a été qu'une suite non interrompue d'éminents services ; qui, après les jours mauvais, releva de leur ruine les autels de nos pères, dota des largesses de sa charité les établissements res- taurés ou fondés par sa prévoyance ; qui défendit ensuite, dans une assem- blée trop célèbre, en face du pouvoir, et avec tout le courage de la foi, les principes conservateurs de la hiérarchie catholique ; qui, frappé d'un exil politique, se consola, dans la terre étrangère, par la douce espérance de re- voir encore son troupeau chéri, et par l'accueil tout paternel qu'il faisait aux nombreux pèlerins de la ville des martyrs et des aumônes. Tous les accents de la reconnaissance n'éclatent-ils pas en même temps et à l'envi dans la ca- pitale de votre juridiction, Monseigneur, pour remercier le ciel de la plus signalée des faveurs, celle d'avoir été jugé par lui digne de mettre un ternie au long veuvage de l'antique et inamovible Eglise des Pothin et des Irénée?