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                      M. A.-C.-H. TR1M0LET.                       43
 devant eux. Je n'y pus tenir.... et j'allai trouver M. le comte de
 Forbin pour le prier d'engager le prince à vouloir bien renvoyer à
deux ans cet honneur, dont alors je me croirais plus digne, pou-
vant travailler d'ici là avec ardeur à le mériter.
   L'année suivante, cet excellent prince fut assassiné, et les
artistes consciencieux perdaient en lui leur plus noble protec-
teur.
   Sans ma sottise, sans'ce je ne sais quoi qui me faisait et me fait
 encore tout craindre et tout appréhender, j'eusse entrepris cet
ouvrage qui aurait peut-être changé ma destinée, si la destinée
toutefois peut changer.
   Qu'il me soit permis, après vingt-deux ans, de confesser une
des plus grandes jouissances d'amour-propre que j'aie goûtée en
ma vie ! C'était d'entendre louer mon ouvrage dans divers lieux
publics, par les gens qui étaient autour de moi, et bien loin de
se douter d'être si près de l'auteur!... Ma vanité buvait en
silence et à plein bord les douceurs de l'approbation!... Je
n'aurais jamais osé me faire connaître, mais, je l'avoue, je n'au-
rais pas été fâché que quelqu'un vint me nommer dans ce mo-
ment!... Que celui qui, à ma place, aurait pensé autrement me
jette la première pierre, j'y consens...
   C'est à ce Salon de 1819 qu'on donna pour la première fois le
titre d'Ecole lyonnaise aux productions de nos artistes.
   Après deux mois de séjour dans la capitale, je revins à Lyon,
sans faire claquer mon fouet, bien convaincu que je ne devais
mes succès qu'à d'heureuses circonstances et non à mon talent
 dont je sentais toute la faiblesse.
   J'étais, depuis avant mon voyage, professeur de dessin au
 Collège royal, et je donnais quelques leçons particulières.
   Je fis en ce temps quelques portraits, assez importants pour
le travail, quoique de petite dimension : M. Chapuis de Grévoux,
M. l'abbé Petit, missionnaire, M. le comte de Marnézin, préfet
du Rhône, etc.
   Sur ces entrefaites, M. le marquis Victor de Costa, chambellan
de S. M. le roi de Sardaigne, ayant vu mes ouvrages, prit fan-
taisie de faire peindre toute sa famille, composée de six enfants,