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LOUIS-PHILIPPE D'ORLÉANS. 445 eut atteint tout son développement, M. Laffîtte crut devoir informer le duc d'Orléans de la tournure que prenaient les circonstances. 11 lui expédia par un messager sûr l'avis de la démarche que les députés présents à Paris allaient entrepren- dre auprès du maréchal Marmont, peur conjurer la prolon- gation de la guerre civile. Sa missive se terminait par celte inu- tile recommandation : Défiez-vous des filets de Saint-Cloud. M. Lafïitte faisait partie de la commission envoyée au maré- chal. Les progrès de l'insurrection éveillaient en lui des es- pérances qu'il ne prenait plus la peine de dissimuler : «Nous commençons, dit-il à ses collègues, un drame dont le dé- nouement sera la royauté du duc d'Orléans (1). » La démar- che des députés n'ayant produit aucun résultat, M. Lafïitte déclara qu'il était décidé à se jeter corps et biens dans le mouvement ; et, faisant percer, dans la soirée même, sa résolution à travers l'abattement unanime de ses collègues, il parla nettement pour la première fois d'appeler le duc d'Orléans à la lête du gouvernement; mais celte proposition prématurée demeura sans écho. La prise inattendue du Louvre donna, le 29, la victoire au peuple parisien. L'hôtel Laffitle était devenu le quartier-géné- ral de l'insurrection : il devint bientôt le centre de toutes les in- trigues qui avaient pour but la fondation du nouveau pouvoir. « On voyait, dit un écrivain démocratique, se presser dans les appartements, dans les cours, dans les jardins, grands seigneurs, gens de finance, hommes de robe, gardes nationaux. C'était un bourdonnement immense dans cette foule animée de pas- sions diverses et sans cesse renouvelées (2). » M. Laffîtle avait compris que l'instant d'agir était venu, et le matin môme il avait expédié un affidé au duc d'Orléans pour enga- (1) Chronique de juillet 1830, par Rozet. (2) Hisloire de Dix ans, t. I, p. 295.