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442                   LOUIS-PHILIPPE         D'OKLÉA\S.

 à ses amis pour les faire monter à l'échafaud. » Le parti du duc
 d'Orléans se composait, à l'époque dont nous parlons, de divers
débris du régime impérial, flattés de retrouver dans les souve-
 nirs du prince quelque ombre de grandeur militaire; de quel-
ques royalistes mécontents, parmi lesquels on distinguait M. de
Talleyrand, dont la défection datait de sa retraite du ministère,
en 1815. Coopérateur actif des mouvements qui avaient pré-
paré la Restauration, il ne pouvait lui pardonner la longue
et impolitique inaction danslaquelleellel'avait tenu depuis lors.
Quelques versions dignes de foi lui attribuent l'idée d'une in-
trigue qui tendait à substituer directement le duc d'Orléans
à Louis XVIII, à la mort de celui-ci. Ce parti ralliait enfin
un certain nombre d'hommes de toutes classes que l'ambi-
tion déçue, une haine invétérée de l'aristocratie nobiliaire,
ou môme une simple disgrâce de cour, avait rendus enne-
mis irréconciliables de la Restauration. Tel était M. Dupin
aîné, conseil habituel du prince, avocat illustre, orateur incisif,
plein de sens et d'esprit, mais dépourvu d'élévation, et dont la
renommée souffrait de quelques torts de caractère; tel M. Gui-
zot, écrivain habile, royaliste de 1815, devenu le fervent
adepte de la révolution anglaise, après s'en être fait l'histo-
rien ; tel encore M. Thiers, dangereux apologiste du mou-
vement révolutionnaire de 1789 ; tel surtout le banquier
Laiïitte, dont l'hostilité puissante et déjà ancienne se retrem-
pait sans cesse au foyer d'une incurable vanité, et qui
semblait avoir fait de l'avènement de Louis-Philippe, dont,
il était devenu le confident intime (1), l'espérance dominante
et comme le mobile de sa vie.

   (1) On lit, dans l'ouvrage de M. Sarrans, intitulé Louis-Philippe et la Contre-
Révolution de 1830, quelques particularités curieuses sur la liaison qui s'étail
établie entre le duc d'Orléans et M. Laffitte.Voici un extrait de ce livre qui fait
assez voir quelle était, dans l'esprit du prince, la portée véritable de cette
liaison : «C'est un rêve, disait-il uu jour à M. Laftitte, mais enfin, n'importe;