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DE LA DOULEUR DANS LE TEMPS. 63 CHAPITRE XI. L'OBJECTION A LA DOULEUR VIENT DU POINT DE VUE DU TEMPS. Nous vivons loin de l'infini Le temps, ce brouillard qui voile tout pour le mérite , cache la terre et le ciel. La foi nous retient par un fil; mais l'amour en s'éloignant le brise... Le cœur qui s'est détaché, roulera loin de l'Absolu. Ah ! combattre dans les ténèbres... J'ai vu des hommes épouvantés par la douleur ! Ils disaient, car ils n'avaient plus dans les mains que le fil de la logique : — Qu'est-ce que la vie ? travailler ! Pourquoi faut il que je travaille? Et souffrir!! Pourquoi avoir créé le bonheur? pourquoi en faire croître l'idée comme la plus belle pensée de l'homme ? Vivre , pour souffrir, pour blasphémer, pour me perdre moi-même... Je ne cherchais pas à naître! Créer pour créer le mal ; e t , par une ironie cruelle , charger l'être lui-même de se multiplier dans le malheur... Quel instinct maudit est à la source des choses ! Et, qu'est cette Source elle- même? Ne produire que pour détruire... détruire... quel mot ! Ignoble tache sur la création , la mort !... Moi qui vis, où peut être mon désir de vivre? Dieu , si tu es, lu peux rendre l'homme heureux ; pourquoi ne le fais-tu pas ? Car, comment sortir de la pensée : Si tu es bon , pourquoi le mal- heur est-il ? Fais-nous mourir ; propager le genre humain n'esl-ce pas propager la mort , et reculer les tristes rivages du sang ! Vois ! le grand fleuve de la vie ne fait que charrier mal sur mal vers les monstrueuses dunes de son horrible con- fluent Si du moins l'homme pouvait s'anéantir ! ce serait sa plus précieuse prérogative... Ton imprévoyance infinie ne la laissa pas même au mal ! ! ! — (l) (i) Méphistophélès entrant chez Faust, lui dit aussitôt: « Je suis l'esprit