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456 LOUIS-PHILIPPE D'ORLÉANS. défection inopinée du général Bourdessoulle, qui comman- dait la grosse cavalerie de la garde , porta, dans la journée du 1er août, un coup funeste à sa sécurité. Ce fut alors qu'une détermination jusques-là combattue s'offrit à ce prince comme un moyen extrême de salut. Cette détermination était d'ap- peler à la lieulenance-générale du royaume ce môme duc d'Orléans que la révolution triomphante venait d'investir de ce titre. Deux ministres, MM. de Montbel et Capelle, se trouvaient en ce moment auprès du roi. « Dans un tel dé- sordre, leur dit Charles X , je veux (enter de faire un appel au duc d'Orléans; je ne lui ai jamais fait que du bien : il ne peut être assez dénué de sentiments et d'honneur pour ne pas répondre à ma confiance. » Les deux ministres essayè- rent vainement de combattre une résolution qui leur sem- blait inutile ou pernicieuse. M. de Montbel rappela au roi les nombreux rapports qu'il avait eus à lui faire sur les menées constantes de ce prince avec tous les fauteurs de révolution, et particulièrement avec les membres des sociétés secrètes. Charles X répliqua que « le duc d'Orléans trouverait dans sa mission môme un moyen de se relever de ses fautes, en usant de son influence pour prévenir une nouvelle révolution (1). » Les ministres écrivirent sous la dictée du roi la déclara- tion par laquelle il nommait son cousin lieutenant-général du royaume, et maintenait la convocation des Chambres pour le 3 août. Cet acte fut envoyé à Louis-Philippe, qui le communiqua immédiatement à ses conseillers intimes. « Cette déclaration, leur dit-il, est une perfidie; je connais la famille, ils veulent faire naîlre des doutes sur ma franchise et laisser croire que je suis d'accord avec eux. » La droiture de M. Laffitte se souleva contre cette inculpation : il fit ob- server qu'elle se réfutait par le simple rapprochement des (i; Lettre inédile de M. de Montbel . 26 juin 1857.