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 338         BULLETIN MONUMENTAL EX LITURGIQUE




                                I.

                    BASILIQUE   PRIMATIALE.



    Ne voulait-on pas coiffer ce vieux monument d'un immense
 toit pointu dont, effectivement, le fronton libre de la façade
 donne le profil, mais qui n'ayant jamais existé eût singulière-
 ment choqué nos regards accoutumés à des lignes plus dou-
 ces, même dans l'architecture gothique ! C'en était fait de
 l'admirable nef de Saint-Jean, de cette nef supérieure en
 énergie, en harmonie, en majesté, aux plus vantées et aux
plus belles. Il serait arrivé à ce temple ce qui est arrivé à la
basilique de Notre-Dame de Beaune. Primitivement, elle
était couverte de tuiles courbes, comme Saint-Jean, sur un an-
gle de 15 à 18 degrés. Dans le XVIe siècle, on eut la folle idée
de remplacer celle loiture par un comble aigu d'une forme
abrupte, d'un poids énorme : les murailles de soutènement
et la maîtresse-voûte fléchirent, et, en ce moment, l'édifice
menace ruine. La môme cause eût amené à la basilique pri-
matiale les mômes effets ; on aurait écrasé sa voûte et avec
elle ces baies si hardiment nervées, si jusles dans leurs
proportions, si merveilleuses dans tout leur fenestrage dont
l'inspiration et la verve n'ont pas de rivales. L'idée de la flè-
che et du toit pointu devenait à Lyon une frénésie : la réaction du
nord sur le midi s'y opérait dans de monstrueuses conditions.
On s'obstinait à nous donner, par imitation, des formes qui
ne sont pas faites pour nos climats, pour les horizons et les
coteaux lyonnais où l'énergie se combine toujours à la grâce,
comme on s'était longtemps obstiné à imposer au nord les
pensées elles motifs architectoniques de la Grèce et de l'Italie,
tout cela sans discernement et sans raison.